L'une des images symboles du XXe siècle, celle de soldats américains plantant la bannière étoilée après une bataille au Japon en 1945, est le point de départ de Mémoires de nos pères (Flags of our fathers), le dernier film de Clint Eastwood. Chacun de ses long-métrages est un événement, mais celui-ci l'est encore plus en raison de sa dimension historique et symbolique: l'héroïsme et l'unité des soldats américains. C'est aussi le premier film de l'acteur-réalisateur américain depuis son Oscar en 2005 pour Million dollar baby. Mémoires de nos pères raconte l'histoire cachée derrière le célèbre cliché noir et blanc du 23 février 1945, réalisé par le photographe Joe Rosenthal, montrant six soldats américains hissant le drapeau de leur pays sur le champ de bataille lors de la prise de l'île Iwo Jima. Cette bataille a fait 6 800 morts américains et 18 000 tués japonais. Sur les six soldats immortalisés sur cette photo qui a reçu le prix Pulitzer, trois sont morts ensuite pendant la guerre. Les trois autres – le laconique John «Doc» Bradley, le timide Amérindien Ira Hayes et le fringant Rene Gagnon – sont les vedettes du film d'Eastwood qui les montre sillonnant les Etats-Unis où ils sont traités en héros, serrent des milliers de mains, prononcent des allocutions pour lever des fonds nécessaires à l'effort de guerre.