Festival n La 57e Berlinale reste fidèle à sa tradition de festival très politisé en dévoilant, hier, Lettres d'Iwo Jima où Clint Eastwood dénonce l'absurdité de la guerre, et Good Bye Bafana de Bille August, sur l'apartheid en Afrique du Sud. La Seconde Guerre mondiale est au cœur de deux films américains, The Good German de David Soderbergh et The Good Shepherd de Robert de Niro, déjà projetés dans le cadre de la compétition à la Berlinale qui a démarré jeudi. Dévoilé au public dans la soirée, Lettres d'Iwo Jima, en lice pour l'Ours d'or du meilleur film à Berlin et parmi les favoris aux Oscars, est le récit d'une bataille de la Seconde Guerre mondiale. Ce film de 2 heures et 21 minutes, nourri par une réflexion pacifiste, constitue le deuxième volet d'un diptyque entamé avec Mémoires de nos pères (Flags of our fathers). Tous deux racontent la même sanglante bataille, qui a fait près de 7 000 morts américains et 18 000 côté japonais sur l'île d'Iwo Jima, aux confins de l'archipel nippon. Si le premier film restitue le vécu des soldats américains et le retentissement de l'événement dans l'inconscient collectif aux Etats-Unis, le second est un récit détaillé des quarante jours de combats, bâti sur des lettres écrites par des soldats japonais. Pour ce qui est de l'image, une photographie grise, aux reflets métalliques et une lumière crépusculaire, un cadrage serré sur les corps des combattants, qui restitue leur champ de vision partiel, unifient les deux films. Eastwood met l'humain au premier plan, en alternant chronique intime et scènes de combat traitées avec sobriété, dénuées de tout caractère héroïque. Autre film projeté dimanche à la Berlinale, Good Bye Bafana du Danois Bille August, avec Joseph Fiennes et Diane Kruger, raconte la naissance d'une amitié entre le plus célèbre prisonnier d'Afrique du Sud au temps de l'apartheid, Nelson Mandela, et son geôlier. Défenseur de la ségrégation raciale, embauché pour espionner son prisonnier car il parle xhosa comme lui, cet Afrikaner ordinaire se laisse gagner par l'admiration pour celui qui défend ardemment l'égalité entre Noirs et Blancs. Troisième film en compétition, In memoria di me de l'Italien Saverio Costanzo, relate également la privation de liberté, mais choisie celle-là, d'un jeune novice à la recherche d'un sens à donner à sa vie dans une communauté jésuite où le silence est d'or. Le héros de ce film long et à l'atmosphère lourde, Andrea (Christo Jivkov), emprunte dans ce cloître un parcours semé d'embûches pour accéder à une «libération intérieure» et découvrir s'il est capable d'incarner l'amour que Dieu porte aux hommes. Pour Costanza, «ce n'est pas un film religieux, mais sur la lutte de chacun pour prendre une décision. Mes personnages se posent les mêmes questions que moi, sur les choix à faire».