Constat n Désormais, les chalets sont devenus des centres de transit pour des centaines de familles habitant dans les bidonvilles ou autres constructions illicites. Chaque fois qu'une famille quitte un chalet, une autre la remplace, quelquefois le jour même. Les chalets destinés à l'origine aux victimes du séisme de mai 2003, vont apparemment durer puisqu'ils ont pour vocation de loger tous les sinistrés. Un voyage au cœur des centres d'accueil réservés aux victimes du séisme nous renseigne sur un phénomène nouveau : la transformation des sites en carrefours des sinistrés. Au centre Ali-Amrane 2, près de Bordj El-Kiffan, nous avons rencontré des familles venues de différentes communes d'Alger. Plusieurs d'entre elles occupaient des habitations construites illicitement dont la démolition a été rendue obligatoire. Ainsi, nous avons rencontré des gens venus de la commune de Staouéli, qui habitaient l'Exploitation agricole commune (EAC) Bendada-Ahmed depuis plus de 40 ans. Le lieu s'appelle Bateau cassé. Aujourd'hui, il est devenu le «bateau coulé», puisque les services de la commune ont procédé à la démolition des domiciles de 47 familles. «Nous n'avons rien compris à notre calvaire ! Nos familles vivent à Bateau cassé depuis une cinquantaine d'années. Moi-même j'y suis né et j'y ai grandi. Maintenant, les services de l'APC ont démoli injustement nos maisons», s'indigne Omar, un jeune de 21 ans, furieux. Pis, il a déclaré que le wali délégué de Zéralda «n'a pas trouvé mieux que de nous insulter et de nous traiter comme des sous-humains». Les 47 familles qui occupent des chalets depuis trois mois n'arrivent pas à accepter leur délogement. Une situation qu'ils tentent d'expliquer par la hogra. «Nous sommes victimes de la hogra, parce que nous sommes des g'bala», affirme Mohamed, un jeune chômeur. Aujourd'hui, les pères de familles et autres adultes qui travaillaient auparavant dans la région de Staouéli et à Tipaza posent avec acuité le problème du transport. «Maintenant, j'habite à des dizaines de kilomètres de mon lieu de travail. Je ne peux arriver à l'heure», s'indigne Abdelkader, un père de famille, qui ajoute que parmi ces personnes déplacées, une dizaine travaillent à l'APC de Staouéli. Un autre épineux problème est la scolarité des enfants, qui sera, sans aucun doute, perturbée. Cerise sur le gâteau, à peine installées dans les chalets, les familles ont été victimes de vols et d'agressions.