Les 16 000 chalets installés au lendemain du séisme de mai 2003 sont en train de devenir des bidonvilles, en l'absence d'un programme de relogement des sinistrés. Seize mille chalets ont été installés dans une centaine de sites répartis sur les 32 communes de Boumerdès au lendemain du séisme de mai 2003. Ces habitations « provisoires » qui ont coûté des sommes colossales puisées dans le Trésor public, car l'équivalent d'un milliard de dollars a été débloqué pour la prise en charge des citoyens touchés par la catastrophe, sont en voie de devenir des bidonvilles. Lorsque les sinistrés les quittent suite à leur relogement, les chalets sont, en théorie, attribués aux cas sociaux. De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer leur démantèlement, mais l'Etat s'est tellement embourbé dans ce problème qu'il lui est quasiment impossible de se débarrasser de ces sites. Il lui faudra au moins autant de logements supplémentaires, destinés uniquement pour le relogement des familles qui habitent actuellement dans ces chalets, pour pouvoir le faire. Car il se trouve des cas de familles nombreuses et dont certains membres sont majeurs et en âge de se marier qui auront besoin d'un logement, indépendamment de leurs parents. Les responsables ne cessent de claironner que ces habitations vont être éradiquées. Ce n'est pas une impossibilité. Mais lorsqu'on voit le nombre de logements sociaux accordés à la wilaya et la lenteur des travaux de leur réalisation d'un côté et la demande sans cesse croissante sur le logement et qui est de loin plus grande que l'offre d'un autre côté, il devient clair que ces chalets seront les futurs bidonvilles de Boumerdès. Dans deux ans ces sites se seront dégradés et transformés en véritables bidonvilles. Déjà que partout dans les 100 sites de chalets des constructions illicites sont érigées, des espaces communs squattés et des passages obstrués. Sur les 16 000 bénéficiaires, l'association des habitants des chalets de Boumerdès a recensé quelque 7000 familles relevant de cas sociaux, 3000 environ de la couche moyenne « pouvant être prises en charge dans le cadre de la formule LSP » et les autres (soit 6000) tous des gens aisés. Les retombées de cette situation sont aussi économiques. D'importants projets dans le cadre du tourisme sont retardés, ou abandonnés, à cause de l'implantation de certains sites dans le périmètre de ce qui serait des zones d'expansion touristiques. Dans certains cas, des habitations érigées sur le littoral coulent des eaux usées directement dans la mer. Des élus à l'APW ont soulevé ce problème à plusieurs reprises, mais il n'y a aucun responsable pour prendre les mesures qui s'imposent. D'autres se plaignent de l'occupation, par ces chalets, d'une vaste superficie de terres agricoles. On cite les cas de Boumerdès, Ouled Moussa, Ouled Haddadj, Bordj Menaïel, Les Issers, Cap Djinet et d'autres communes encore. Si l'éradication de ces chalets s'avère plus qu'une nécessité, les pouvoirs publics n'ont pris aucune mesure concrète pour leur démantèlement. C'est certainement là l'un des dossiers lourds qu'aura à gérer l'Etat algérien au niveau de la wilaya de Boumerdès. l'Etat qui malgré une embellie financière sans commune mesure laisse patauger dans la misère des milliers de familles. Les habitants, eux ne se font pas trop d'illusions : « A Chlef, des citoyens sont dans des chalets depuis 1980. Il ne faut donc pas se leurrer. Ce n'est pas demain la sortie du tunnel », dit Ahmed, un habitant d'un site de chalets à Corso.