Parcours n «Lorsqu'ils ont appris la démolition de la promotion, mes enfants ont pleuré. Que vais-je leur dire, eux qui aiment tant revenir au pays ?» Le rêve d'Ali, vivant en Allemagne, de revenir en Algérie s'est effondré le 2 novembre dernier avec la démolition de la promotion immobilière Epsi El-Bordj. Ali nous a raconté comment, un jour de juillet 2005, il a déposé un dossier à l'Epsi El-Bordj pour l'achat d'un F4 de 90 m2 au prix de 2,6 millions de dinars. «C'est un prix très abordable», estime Ali. Le 23 novembre 2005, un article paru dans un quotidien algérien affirme que le maire de Ouled Fayet a ordonné la destruction des 464 logements «faute de permis de construire». Le promoteur était sûr de lui «puisqu'il m'a affirmé avoir déposé un dossier complet au niveau de l'APC de Ouled Fayet et fourni toutes les pièces exigées». Ali a pris attache avec l'APC de Ouled Fayet. «Les responsables m'ont dit que le promoteur est un escroc, mais sans me donner plus de détails», a déclaré Ali. Pour cet émigré, «étant donné que le projet était en pleine construction et que le promoteur était toujours à notre disposition, je me suis dit que l'accusation d'escroquerie était sans fondement». Le 21 mars 2006, «nous avons appris par le biais d'un journal que le projet des 464 logements n'était pas couvert par le Fonds de garantie. J'ai immédiatement contacté le directeur général, M. Dahel, qui m'a informé qu'il n'avait toujours rien de concret. Pour que le projet soit garanti, il faut avoir le permis de construire que l'APC ne veut pas délivrer. Mon beau-père a contacté de nouveau un responsable de l'urbanisme au niveau de l'APC de Ouled Fayet. J'ai réussi à parler avec cette dame qui m'a affirmé que le problème avec l'agence immobilière El-Bordj allait être réglé et qu'il ne fallait pas se faire de souci. Elle a même consulté un avocat qui était près d'elle». «Le 15 octobre 2006, des responsables de l'APC de Ouled Fayet m'ont déclaré qu'il y aura démolition. Je leur ai dit que c'étaient eux-mêmes qui m'avaient confirmé, en mars, que tout allait rentrer dans l'ordre et que le promoteur aura bel et bien son permis de construire. J'ai contacté le wali-délégué de Chéraga. Il était très dur dans ses propos en m'affirmant que la promotion sera totalement démolie. Je lui ai demandé s'il avait en sa possession une décision de justice. Il m'a répondu qu'il ne l'avait pas et que je n'avais qu'à lire le journal El-Khabar. J'ai essayé de contacter les responsables, en vain. Le jour de la démolition, j'ai téléphoné et envoyé des emails partout. J'ai voulu arrêter le massacre. Ma tension artérielle est montée, ma femme souffre toujours d'une dépression. Tous nos espoirs sont partis en fumée.» «On espérait bien rentrer au pays en 2007. Je me suis dit qu'avec mon expérience dans le domaine de la logistique, du supply-chain management, je pourrais aider le pays», conclut Ali.