Témoignages n En Algérie, les jeunes, à l'instar des adultes, ignorent leur passé. Mais, en aucun cas, ils n'en sont responsables. Imaginez qu'un enfant soit amputé de sa généalogie, qu'il ne soit pas informé de l'identité de son père, de sa mère et de ses origines. Sa croissance, son développement et son équilibre vont être atteints. Ces propos sont de l'historien Dahou Djerbal. Il suffit de faire un tour dans un lycée, de discuter avec des lycéens pour constater que l'enseignement de l'histoire fait défaut dans notre pays. Tous les élèves que nous avons approchés tiennent le même langage : «Nous détestons l'histoire.» Mansour, étudiant en 1re AS : «Je n'aime pas l'histoire. C'est une matière qui me fatigue. C'est du parcœurisme.» Que connaît-il de l'histoire de l'Algérie ? Pas grand-chose, répond Mansour. «Je sais que les Turcs étaient là. Ils nous ont aidés zaâma. Puis, ils ne nous ont laissé que la baqlawa ! (rire)» Un autre lycéen, Mounir, 3e AS, nous a déclaré qu'il n'aimait pas du tout l'histoire. «C'est une matière qui demande trop de parcœurisme. Si tu apprends par cœur les leçons tu auras de bonnes notes, sinon walou ! Ikdeb aâlik celui qui te dit zaâma il faut suivre le cours et comprendre. C'est faux ! Si tu apprends par cœur c'est bon, sinon rien. Parce que quand l'enseignant donne son cours, il lit son texte, sans aucune explication.» Mounir reconnaît ses limites en matière d'histoire. «Je sais que les Français ont envahi le pays en 1830 ; ils sont rentrés à Constantine en 1936.» Le jeune Islam, 3e AS, sait que «durant la guerre, il y a eu 1,5 million de martyrs qui se sont sacrifiés pour le pays. Je connais l'Emir Abdelkader, Bouamama…». Mais pour ce lycéen de 18 ans, l'histoire enseignée à l'école est fausse. «Je sais que l'histoire qu'on nous enseigne n'est pas toujours exacte. Il y a trop de vide et de non-dits». A cet effet, nous explique M. Djerbal, l'enfant qui arrive à l'adolescence et qui va devenir adulte est amputé de sa mémoire, de son histoire et amputé de la connaissance de son patrimoine.