Les habitants de Sidi Youcef, dans la commune de Beni Messous, ne s'attendaient sans doute guère à une cohabitation pour le moins saugrenue. Les indélicats «intrus» au village sont des sangliers qui, quittant la forêt voisine, vadrouillent depuis quelque temps, de jour comme de nuit, dans les lieux, pour chercher visiblement à se nourrir puisant principalement dans les décharges, non sans créer une sorte de psychose parmi la population. Visiblement à l'aise dans cet environnement humain, ces bêtes ont créé une forte dose d'émoi et les citoyens de la région disent avoir peur pour leur vie à tel point que certains, munis de gourdins et d'armes de fortune, ont décidé de faire des descentes fréquentes pour chasser la meute. D'autres, sur leur garde, ont carrément barricadé leur maison de peur d'être surpris par une attaque. Dans ces lieux, rendus tristement célèbres après le carnage terroriste de septembre 1997 et où l'élevage est considéré comme la principale source de revenu, les sangliers viennent chercher, chaque jour, de quoi se nourrir dans un grand dépotoir, non loin de la forêt, où vaches, moutons et chèvres ont l'habitude de paître dans les quelques pâturages restés à l'état naturel. En grands pollueurs, ces animaux trouent carrément des dizaines de sachets éparpillés çà et là et se faufilent au milieu d'une montagne d'immondices, laissée, il est vrai, à ciel ouvert, pourrissant, de la sorte, l'air ambiant de la région. Ce sinistre décor, qui s'offre depuis des semaines, ne fait qu'aggraver le calvaire d'une population qui ne sait apparemment plus à quel saint se vouer.