Des chiens de toutes races dressés pour la circonstance accompagnent une brigade de chasseurs qui investit chaque semaine les forêts et les bois de nombreuses localités de la région pour traquer la bête nuisible. Les fellahs de plusieurs localités de la wilaya de Boumerdès, qui ont vu leurs cultures et leurs terres ravagées par des sangliers, ont été agréablement surpris ces derniers temps par la présence à leurs côtés de la brigade mobile de chasseurs conduite par Ammi Saïd et Hammi Youcef, président de la Fédération nationale des chasseurs. Composée de plus de 60 éléments parmi eux des cadres d'entreprises, des médecins, des avocats, des commerçants et autres venant de plusieurs coins du centre du pays, cette brigade compte des rabatteurs expérimentés mais aussi des pisteurs et des tireurs chevronnés. Certains d'entre eux sont d'anciens champions d'Algérie. Plus de 50 chiens de toutes races dressés pour la circonstance accompagnent cette brigade qui investit chaque semaine les forêts et les bois de nombreuses localités de la région pour traquer la bête nuisible. “Les battues que nous organisons sont devenues un rituel au bonheur de centaines de paysans éprouvés par les dégâts qui sont causés par ces ravageurs de plus en plus nombreux”, nous dit le président de la Fédération nationale de chasse rencontré lors d'une partie de chasse sur les hauteurs de Figuier. L'arrivée des chasseurs crée déjà l'ambiance dans ce coin perdu situé face à Ouled Ali où plusieurs maisons sont toujours désertes. “Les habitants commencent à regagner petit à petit leurs demeures”, dit Mohammed qui arrive difficilement à cacher sa joie en voyant autant de chasseurs venus sauver ses champs de cultures complètement dévastés par les sangliers. Les clôtures grillagées mises en place à coups de plusieurs millions de dinars par ce paysan n'ont pas résisté aux longues défenses des marcassins. “Ils ont cassé les clôtures et saccagé les maraîchers”, explique Mohammed. Ce dernier tranquillise son interlocuteur et lui promet d'en finir avec toutes les bêtes qui sèment la terreur dans la région. “Vous le dites aux autres fellahs, nous sommes disponibles à tout moment”, lance Ammi Saïd qui demande aux chasseurs de se préparer. Moh Rabah, 72 ans, à la carrure robuste, chef des rabatteurs, invite les membres de son groupe à préparer les chiens devant le regard passionné de jeunes badauds venus assister à la cérémonie du coup d'envoi de cette partie de chasse. M. Hammi ordonne aux chefs de groupe qui sont Damoh, Zakaria, Krimo, Abdelhak, Dr Façal, un champion de tir de procéder au placement des chasseurs à leurs postes respectifs pendant que Moh Rabah lance ses chiens dans la forêt dans un brouhaha d'aboiements mélangé aux klaxons de la trompette de Moh, le pisteur, qui rappelle de bons souvenirs à Mohammed, le fellah, resté planté là à regarder le spectacle et attendre les résultats. Au bout de deux heures de chasse, le bilan tombe. Huit sangliers abattus. C'est peu, dit Ammi Said qui reproche amicalement à certains tireurs d'avoir laissé filer quelques sangliers. Mais cela n'empêche pas les chasseurs de prendre des photos devant leurs proies avant le traditionnel pique-nique. La chasse reprendra l'après-midi et durera jusqu'à 18 h. Le bilan est nettement meilleur par rapport à celui de la matinée. 14 sangliers abattus mais ce chiffre est toujours en deçà des espérances, estime M. Hammi. “Un chiffre bien maigre par rapport à la semaine passée où plus de 48 sangliers ont été tués à Bordj Menaïel, 36 à Beni Arab, 28 à Boudouaou, 42 au lieudit la Décharge”, affirme pour sa part Ammi Saïd qui vient de recevoir deux coups de fil, l'un de Merchicha et l'autre de Keddara. “Des fellahs terrorisés par les sangliers, dont le nombre ne cesse de prendre des proportions alarmantes, demandent le passage de la brigade”, affirme Ammi Saïd. Les paysans souffrent de la furie de ces animaux qui ont la fâcheuse tendance à saccager tout sur leur passage. Le sanglier est friand de racines, des fruits, des légumes mais aussi des décharges publiques. L'on se rappelle de ce sanglier venu l'été passé devant le siège de la wilaya de Boumerdès faire les poubelles créant une grande panique parmi les estivants. Des responsables de l'Unpa (Union nationale des paysans algériens) de Boumerdès parlent de centaines d'hectares ravagés par le sanglier et d'autres bêtes comme le chacal notamment dans les zones rurales. En plus des ravages enregistrés chez les fellahs, le sanglier est source d'autres calamités comme les accidents de la route. “Beaucoup de personnes sont mortes tuées par des sangliers et des accidents de la route ont été provoqués par des sangliers ayant entraîné également des décès”, indique M. Hammi qui dit que sa brigade mobile d'intervention bien structurée est prête à répondre à toute sollicitation venant de collectivités, de fellahs ou de communes pour les aider à se débarrasser des hordes de sangliers. M. Hammi affirme, par ailleurs, que plus de 300 sangliers ont été abattus depuis le début de l'année à ce jour et plus de 1 000 bêtes en 2008. Evoquant les activités de son association, M. Hammi dit que plus de 180 associations représentant plus de 2 500 chasseurs sont en voie de restructuration soit 60% du nombre total estimé à plus de 306 associations correspondant à plus de 50 000 chasseurs et cela, en prévision de l'opération de restitution éventuelle des armes de chasse à leurs propriétaires. M. T.