Résumé de la 2e partie n Les trois nouveau-nés, après avoir été jetés à la mer par Settoute sur injonction des deux premières épouses, ont «atterri» chez un brave pêcheur... A peine le vieux pêcheur avait-il dit cela que l'ange Gabriel apparut devant lui. — Allah, le Maître de l'univers, m'a chargé de te dire d'accueillir sous ton toit ces trois innocents. Ne pense pas à la nourriture : leur Créateur y pourvoira généreusement. Après ces paroles, l'ange disparut comme il était venu, et le vieux pêcheur, plein de confiance, emmena dans sa maison les trois bébés. Les trois enfants grandirent vite. Ils jouissaient d'une santé peu commune et leur extraordinaire beauté s'affirmait de jour en jour. Le vieux pêcheur les considérait comme ses enfants et veillait sur leur bonne éducation. Mais, comme il était fort avancé en âge, un jour, il tomba gravement malade. Aussi, sentant sa fin imminente, il les appela et leur tint ce discours : — Mes enfants, je me prépare à partir pour la demeure éternelle. Ne pleurez pas ; c'est la volonté de Dieu. Avant de mourir, il est de mon devoir de vous dire que je ne suis pas votre vrai père. Je vous ai recueillis sur le rivage, comme Dieu me l'avait commandé. Après vous avoir recueillis, les anges m'ont confié un mors magique. Je l'ai enterré sous cette grosse pierre que vous voyez là-bas. Aussi, quand je ne serai plus de ce monde, patientez une année, puis déterrez le mors magique. ll est tout en or et vous facilitera toute entreprise que vous envisagerez. Pour qu'il puisse vous répondre, interrogez-le en ces termes : réponds-nous, Baba-Morjan, toi qui es à la fois esprit et vent. Quand une année entière se fut écoulée après la mort du vieux pêcheur, les deux garçons et leur sœur, à présent tous trois adolescents, déterrèrent le mors magique. L'aîné le toucha et dit : Réponds-moi, Baba-Morjan, toi qui es à la fois esprit et vent. Alors, le mors d'or parla : Que désires-tu, fils de roi ? — Emmène-nous au pays de notre père et de nos ancêtres. — Fermez les yeux et vous y serez en les rouvrant. lIs fermèrent les yeux et, aussitôt qu'ils les eurent rouverts, ils étaient déjà dans les rues d'une grande ville étrangère. Leur incomparable beauté attira l'attention de tous les habitants de la ville. De son côté, le sultan les invita chez lui et les honora de son amitié : il leur procura une maison et offrit à l'aîné la gérance d'un grand café. ll faut dire que la fille plaisait beaucoup au sultan qui pensait pouvoir l'épouser un jour. Les deux épouses du sultan soupçonnèrent très vite l'identité des trois étrangers. Des êtres de cet éclat, nous n'en avons vu d'identiques qu'une seule fois dans notre vie, lors des différents accouchements de celle qui mange avec les chiens. Vite, appelons grand-mère Settoute pour nous conseiller. ll faut les éloigner de cette ville sans perdre de temps. Settoute arriva en diligence et les deux femmes lui firent part de leur inquiétude. — C'est impossible, dit la vieille rusée, à mille lieues de croire qu'un tel miracle fût possible. Je les ai bien jetés à la mer et les poissons ont dû les manger aussitôt. (à suivre...)