Richesse n Les responsables de la conservation des forêts de la région estiment que la superficie de la nappe armoisière couvre près de 10 % de la surface de la steppe. L'armoise (nom local, chih), est une plante qui pousse abondamment dans les steppes, notamment dans la région du Hodna où elle passe pour être une panacée universelle, un remède pour tous les malaises, un calmant pour toutes sortes de maladies. Toutes les maladies de l'estomac, en particulier les gastrites et les ulcères, sont soignées ou calmées par des infusions répétées d'armoise durant la période des crises, selon les conseils échangés habituellement dans les différents milieux de la société. Bien que fortement amère, cette plante est parfois mâchée, sous forme de «prise» conseillée en cas d'intoxication alimentaire ou pour calmer l'inflammation des amygdales. Cependant, les médecins spécialistes ne manquent pas de mettre en garde contre les dangers de l'automédication et soulignent que bien que plante naturelle, l'armoise utilisée pour baisser le taux de sucre, sans avis autorisé, peut s'avérer nuisible pour la santé du malade. Les «rebouteux» qui sont les «orthopédistes» traditionnels, utilisent l'armoise, mêlée à d'autres essences, pour la préparation d'un plâtre servant «à remettre en place» les fractures et à accélérer la recalcification. L'armoise est également utilisée pour chasser les mauvaises odeurs et parfumer la literie, une chambre, une armoire à linge ou une voiture, à l'instar de la lavande ou d'autres plantes aromatiques. Les habitants du Hodna utilisent également l'armoise pour parfumer le thé ou le café, ils trempent un brin de «chih» dans la tasse, comme il est d'usage plus généralement, pour les feuilles de menthe. Dans les cafés traditionnels de la région de M'sila, l'infusion de galanga (tubercule appelée localement khoundjlane), le thé ou autres boissons chaudes, sont servis avec un brin d'armoise, les consommateurs demandent alors un «mazidj» (cocktail) d'aromates, boisson chaude très appréciée en hiver. A M'sila, il y a seulement deux cafés où l'on peut encore demander un «mazidj» qui se prend désormais à table, alors qu'autrefois le rituel exigeait que les consommateurs soient assis en tailleur autour d'un plat de cuivre ouvragé, sur une natte ou mieux, un tapis de haute laine. Mais très peu de cafetiers connaissent maintenant, la recette du «mazidj» qui est préparé selon un dosage déterminé. Les consommateurs les plus âgés ne peuvent, en réalité, se passer de ce breuvage qui, il faut le souligner, fait partie de leurs habitudes, et en définitive, de leur culture. Les amateurs de viande ovine considèrent, pour leur part, que les brebis et autres élevages paissant sur les parcours d'armoise, se distinguent par une viande de très bonne qualité, au goût fin et parfumé.