Pratiques n Outre l'éclairage et le fonctionnement des appareils électroménagers, certains fraudeurs utilisent l'électricité pillée dans des locaux commerciaux. «C'est notre part de la rente pétrolière. Nous ne pouvons accéder à d'autres avantages plus importants car nous ne sommes pas épaulés, alors nous profitons de tout ce qui est disponible près de chez nous. C'est un droit tout à fait légitime et nous continuons à consommer l'électricité gratuitement jusqu'à nouvel ordre», souligne B. H., un père de famille habitant dans le bidonville qui borde la cité universitaire Hydra-Centre (Ben-Aknoun), ajoutant que depuis son arrivée à cet endroit en 1995, il n'a versé aucun centime à Sonelgaz. «Puisque je peux consommer gratuitement, pourquoi creuser davantage mes maigres poches ? s'ils veulent qu'on paye l'électricité, qu'ils nous octroient des logements décents et des postes d'emploi stables, sinon, vive la clandestinité.» Les habitants de ce bidonville qui compte environ 350 familles, s'avèrent des techniciens chevronnés en matière de piratage de l'électricité, puisque les branchements illicites effectués jusque-là n'ont fait aucune victime. «Il y a parmi nous des spécialistes dans ce domaine et personne d'autre ne procède à de pareilles manœuvres. L'entraide fait notre force et chacun connaît son métier», souligne un autre habitant du bidonville. Ici, les gens ne craignent personne et la fraude est devenue banale. Toutefois, quelques foyers de ce bidonville sont raccordés d'une manière légale ; ils ont leurs compteurs et ils payent régulièrement leur consommation. Ces derniers alimentent parfois leurs voisins en énergie et se partagent le paiement de la facture. «Cette situation est à l'origine de conflits entre ces familles, notamment lorsque la facture est lourde. La consommation diffère d'un foyer à un autre selon les appareils électroménagers et le nombre pièces… Alors, il est toujours difficile de récolter la somme exigée par Sonelgaz sans conflit», atteste Omar, un sexagénaire habitant les lieux depuis plusieurs années. Notre interlocuteur ajoute que certains ménages préfèrent mettre un terme à ces conflits quasi permanents par le recours aux branchements illicites. Les plus intelligents parmi eux ne se sont pas contentés d'acheminer l'énergie pour faire fonctionner les machines électroménagères, mais ont aussi improvisé des commerces dont la grande partie ne verse également aucun sou au fisc. Certains ont même procédé à l'extension des petits garages et les ont transformés en «bazars» équipés du matériel de réfrigération qui consomme beaucoup d'électricité. Les contrôleurs de Sonelgaz reconnaissent qu'il leur est difficile de pénétrer ces «villages d'affaires» et estiment que le recours des autorités locales et des forces de l'ordre est indispensable pour l'éradication du phénomène du pillage d'électricité. Un vrai casse-tête…