Nos mineurs sombrent de plus en plus dans la délinquance. Selon les statistiques de la gendarmerie, au cours de l'année 2006, 7 967 personnes ont été victimes de leur violence criminelle. En outre, pas moins de 2 967 arrestations ont été opérées, durant la même période, dans leurs rangs. Les adolescents sont en même temps victimes et bourreaux. La délinquance juvénile présente deux aspects qu'il faut bien différencier pour mieux cerner le problème et apporter les solutions adéquates. D'abord, la victimisation des mineurs qui sont fortement ciblés par toutes sortes d'agressions. Et l'autre volet est celui de la violence du mineur contre lui-même et contre les autres. C'est dans ce sens et afin de favoriser le travail en réseau et la combinaison de compétences entre les différents services concernés par le fléau qu'est la délinquance juvénile, qu'un séminaire a été organisé par le commandement de la Gendarmerie nationale hier, sous le thème «Le traitement de la délinquance et victimisation juvénile ». Lors de ce séminaire, les intervenants dont des experts civils et des corps de sécurité, ont insisté sur la primauté de la prévention sur la répression dans ce genre d'affaires. Dans ce sens, le commandant Debbih, chef de cellule de criminologie de la GN avouera que «les actions de répression n'ont pas donné de résultats satisfaisants. Il est impératif de faire des études sérieuses pour lutter contre ce fléau en amont, avant que l'acte criminel ne soit perpétré par le mineur» ce qui implique une meilleure connaissance des facteurs influant sur le comportement de l'adolescent. Quelques-uns de ces facteurs ont été énumérés par l'intervenant tels les conditions socio-économiques difficiles, le passage rapide à la richesse ( impliquant la recherche de plaisirs opprimés), la démission parentale, l'éclatement et les dislocations familiales, la déperdition scolaire. Mme Messaoudène, responsable des brigades des mineurs, a exposé, à son tour, des chiffres enregistrés par son département et faisant état de 3 485 enfants admis pour détresse morale au niveau national, 1 760 affaires traitées et 376 mineurs intégrés dans des centres spécialisés. Par ailleurs, les services de la sûreté nationale ont recensé 11 300 enfants coupables de délits dont 3 932 remis à leurs parents ou proches. Représentant la direction générale de la sûreté nationale, l'oratrice a donné un aperçu sur le rôle des brigades des mineurs qui œuvrent pour protéger l'enfant et faciliter son intégration sociale. De son côté le professeur Laïdli, chef de service de la médecine légale au Chu de Bab El-Oued déplore le manque de suivi psychologique de ces enfants victimes de violence précisant que « 75 % des jeunes qui ont fréquenté nos services ne sont pas suivis psychologiquement, alors que la plupart d'entre eux ont connu des polytraumatismes physiques et psychiques qui empêcheront leur évolution saine et les conduiront inexorablement vers des actes délictueux ».