Avant-première n L'histoire se déroule à Alger, dans les années 1990, période à laquelle le terrorisme battait son plein. Morituri, un film réalisé par Touita Oukacha, a été présenté hier en avant-première au cinéma L'Algéria, et ce dans le cadre de la manifestation culturelle. «Alger, capitale de la culture arabe». Adapté du roman de Yasmina Khadra (Morituri), le film revêt une trame placière : un commissaire, Llob, menant une enquête criminelle, une enquête particulièrement complexe et surtout ardue ainsi que risquée. L'histoire se déroule à Alger, dans les années 1990, période durant laquelle le terrorisme était à son paroxysme. Le commissaire Llob est chargé, par une grosse pointure, un ancien politique, de mener une enquête sur la disparition de sa fille. D'une investigation à une autre, le commissaire se retrouve avec des cadavres sur les bras. Les pistes se précisent puis se brouillent. Les pièces du puzzle se constituent puis se décomposent. Elles s'éparpillent empêchant le commissaire Llob, qui fait, par ailleurs, face à différentes pressions (menaces de mort, assassinat de témoins gênants…), de remonter le fil. Mais cela ne décourage, en aucune manière, le commissaire. Persévérant et téméraire, il poursuit son enquête et s'acharne – il s'agit là d'un entêtement, un défi à relever – à l'élucider au risque même de perdre sa vie. Le film retrace, à travers les faits racontés, la réalité algérienne de la décennie noire : attentat à la voiture piégée, assassinat des intellectuels, peur et suspicion, complots et règlements de compte. C'est toute l'Algérie qui y apparaît, avec ses peurs et son malaise. Ainsi, à travers le commissaire Llob, c'est tout le terrorisme, la tragédie algérienne qui est mise en scène. Il y a tentative d'analyse et de critique de cette réalité qui a frappé de plein fouet la société civile. Morituri est un film policier. Sa réalisation mérite d'être saluée : le jeu des acteurs est naturel et probant. L'interprétation de chacun tels Sid Ahmed Agoumi et Rachid Farès, se veut souple, de caractère et attachante. Les personnages revêtent une psychologie frappante, ce qui rend le film substantiel et homogène : point de disparité ou de platitude (c'est un film qui nous tient en haleine). Il y a un réalisme pertinent, saisissant qui s'en dégage et suscite l'intérêt du public. C'est l'impression du vrai et du vécu qui agrée au public mordu de réalisme vif et poignant. C'est un film à voir.