C'est en comité très restreint qu'a eue lieu, vendredi passé, à partir de 17h à la librairie d'Algérie News, la projection du film Morituri. Prenant la parole, le producteur Bachir Deraïss a tenu à préciser que “le film a été tourné difficilement en 2004-2005”. La principale difficulté rencontrée résidait au niveau du financement. “Le film a été tourné avec zéro centime algérien”, a-t-il ajouté, en précisant que le seul soutien est celui de la télévision algérienne. Brossant un tableau des plus noirs sur le cinéma en Algérie, Bachir Deraïss a affirmé qu'il n'y a plus de cinéma ni de salles de projection. À cet effet, il dit que “ce ne sont pas des salles de cinéma, mais des salles de spectacles”. Plus loin, il dit que “beaucoup d'Algériens pensent qu'il n'y a plus de films algériens (…) Il n'y a plus de sorties de films, justes des avant-premières qui ne concernent pas tout le monde. Le cinéma algérien est en train de disparaître”. Un constat sombre et triste qui démontre que le septième art chez nous est moribond. Pour revenir au film, Morituri est l'adaptation du roman éponyme de Yasmina Khadra, réalisé par Okacha Touita. Le réalisateur nous emmène dans les mystères les plus sombres, les plus sournois, les plus fourbes de la période la plus sanglante de l'Algérie, les années 1990. Le spectateur est d'emblée dans le bain. Avec “un réalisme et une crudité dérangeante”, le film tourne autour d'une “enquête commandée” par un “gros bonnet affairiste” de la capitale “sur la disparition de sa fille”. Il “dépeint une Algérie d'une noirceur absolue” ! Dans le genre film polar, le personnage principal dans Morituri, le commissaire Llob (interprété par Miloud Khetib) ressemble étrangement à son “confrère” français Navarro ! La particularité dans ce film, c'est le récit. Le commissaire Llob – qui est aussi écrivain — raconte lui-même l'histoire d'un pays qui est à feu et à sang, d'un peuple déchiré, apeuré, pris entre deux feux, deux diktats : celui des terroristes et celui de la “mafia politico-financière”. Une belle brochette d'acteurs (Sid Ahmed Agoumi, Sid-Ali Kouiret, Ahmed Benaïssa, Rachid Farès, Boualem Benani… ), même si des fois certaines scènes étaient sur-jouées. Toutefois, le réalisme est frappant, tant par le scénario que les images réelles des attentats injectées dans le film. Le dialogue est bien ficelé, même si à certains moments, il est cru, mais sans choc ni heurt !