Déperdition n Activité très répandue à travers le Hodna il y a quelques décennies, la poterie se retrouve aujourd'hui menacée de disparition faute de débouchés et d'accès à la matière première. Métier de femmes par excellence, la poterie de production des ustensiles faisait alors l'objet d'une demande domestique suffisamment forte pour entretenir l'activité des artisanes qui ne travaillaient que sur commandes fermes, se souviennent les plus vieux de la région. Les sites d'extraction de la meilleure argile, propre à chaque région, étaient bien connus des artisanes. Ces dernières étaient reconnaissables, lorsqu'elles partaient à la quête de la terre glaise, aux couffins et pioches transportés avec elles. Elles choisissaient souvent les gisements se trouvant à proximité des cours d'eau dont la qualité est jugée supérieure par les connaisseurs. Dans certains cas, l'extraction de l'argile très rude et fatigante pouvait devenir elle-même une activité à part assurée par certaines femmes qui revendaient ensuite ce produit aux artisanes. Après la sélection minutieuse de la glaise qui devait être pure pour supporter la cuisson et les usages auxquelles elle était destinée, celle-ci était plongée dans des cuves remplies d'eau et laissée, le temps nécessaire, pour qu'elle soit suffisamment imbibée. La pâte ainsi préparée était mélangée à d'infimes bribes de vieux ustensiles qui permettaient une absorption plus rapide du surplus d'eau et rendaient l'opération façonnage plus aisée. Entièrement artisanal, le façonnage ne recourait à aucune machine encore moins à des outils de mesure. L'artisane, en tâtant la pâte travaillée, savait en déterminer les dimensions notamment d'épaisseurs désirées pour un «tajine» ou une marmite. L'ustensile passait ensuite à la phase de séchage qui doit impérativement se faire à l'ombre, loin des rayons brûlants du soleil de cette région steppique et aride. Une fois secs, les articles étaient placés dans le four pour la très délicate et ultime opération de cuisson conduite sous l'œil vigilant de l'artisane. Ecourtée, la cuisson donnait des produits peu robustes, et noircissaient, s'ils venaient à passer beaucoup de temps au four. De ce fait, l'artisane doit demeurer très attentive pour sortir les ustensiles dès que leur couleur vire au rouge. Pour la plupart, ces potières résident dans des enclaves montagneuses loin des régions sahariennes du sud de M'sila où l'argile est quasiment introuvable. A ce jour, ce sont les gisements d'argile de la région montagneuse de Maâdhid qui fournissent l'argile nécessaire aux briqueteries de Ouled Derradj et Boussaâda, constate-t-on. Pour les responsables du secteur de l'artisanat, la revitalisation de la poterie traditionnelle du Hodna exigerait aujourd'hui un travail préalable de recherche des artisanes, les anciennes, et de création du cadre adéquat susceptible de les encourager à transmettre leur savoir-faire séculaire aux nouvelles générations.