Résumé de la 15e partie n Pour illustrer les récits sur les ogres, nous avons choisi de raconter un conte, «Le prince et l'ogre», que l'on retrouve, sous des versions diverses dans le folklore algérien. On raconte qu'autrefois vivaient un roi et une reine qui étaient aimés de leurs sujets. Ils auraient vécu heureux s'ils ne perdaient pas tous les enfants qu'ils mettaient au monde. Ils ne cessaient donc de supplier Dieu de leur en laisser un, pour combler leurs jours et assurer leur succession. Dieu entendit leurs prières et leur donna un petit garçon. Hélas, quelques temps après, la reine meurt. Le roi est malheureux, mais, au moins, l'enfant, prénommé Ali, a, lui, survécu. Il a si peur de le perdre que pour le protéger, il lui fait bâtir un palais de verre d'où il ne pouvait pas sortir. Toute une armée de soldats en garde l'entrée, empêchant quiconque de s'y approcher. Personne ne pouvait le voir, à l'exception des domestiques qui lui apportaient sa nourriture et d'une vieille femme, appelée Setoute, qui s'occupait de lui. Son repas, toujours le même, est constitué d'une assiette de couscous, d'un œuf cuit à la coque et écalé, d'un morceau de viande à moelle, mais désossé et d'une outre d'eau. Si l'œuf est écalé et si la viande est désossée, c'est pour que le jeune prince n'ait pas l'idée de frapper contre les murs et de briser ainsi la glace qui le dissimulait au monde ! Ali va ainsi grandir sans se rendre compte de l'existence du monde qui l'entourait : son monde à lui se réduisait à son père qui venait le voir de temps à autre et à sa vieille servante qui lui apportait son repas. Au royaume on sait que le roi a un fils et que c'est ce fils qui va un jour gouverner le pays. Plus d'un aurait voulu le voir, mais le roi est intransigeant : personne ne doit voir son fils avant qu'il ne soit devenu un jeune homme accompli. Il a peur du mauvais œil, le mauvais œil qui, selon lui, lui a emporté tous les enfants qu'il a mis au monde ! Les années passent. Ali est maintenant un beau jeune homme, malgré cela, il est toujours enfermé dans son palais de verre. Personne n'a le droit de le voir, à l'exception de son père, de quelques domestiques et de sa vieille servante. Les sujets du roi, eux, sont de plus en plus impatients de voir le prince, un prince qui doit être maintenant suffisamment grand pour être présenté à son peuple. Un jour, le roi, qui commence à devenir vieux, a pris la décision d'effectuer le pèlerinage. Il se rend auprès de son fils, dans son palais de verre et lui fait part de son intention. — Mon voyage sera long, mais je te laisse entre de bonnes mains, celles de Setoute qui s'occupera de toi ! — Ne puis-je partir avec toi pour le pèlerinage, dit Ali ? — Non mon fils, dit le roi, tu dois encore rester dans ton palais... Le monde est peuplé de méchants et de pervers qui ne manqueraient pas de te faire du mal ! Le jeune prince acquiesce. C'est un bon fils qui a toujours obéi à son père, il fera donc ce qu'il lui a dit. Le roi s'en va à La Mecque, suivi par une grande escorte. Il laisse son fils à la garde de Setoute qui doit, comme par le passé, continuer à s'occuper de lui. (à suivre...)