Festival n La star de Hollywood, l'Espagnol Antonio Banderas, a dévoilé, hier, à la Berlinale Pluie d'été, son deuxième film en tant que réalisateur. Le film est une chronique sur l'adolescence qu'il a voulu «baroque» et «surréaliste» par fidélité à sa région d'origine, l'Andalousie. «Certains n'aimeront pas les images surréalistes du film, le trouveront trop baroque, mais je ne suis ni Suédois ni Russe, je viens d'Andalousie, j'ai grandi entre le flamenco et les corridas, moi !», s'est enflammé Banderas lors d'une conférence. «Je me devais d'être honnête puisque je revenais à mes origines, mon pays, mon histoire», a poursuivi l'acteur de 46 ans. Pluie d'été (titre original : El camino de los Ingleses, 1 heure 58) se déroule au sud de l'Espagne dans les années 1970, lors d'un été où des copains découvrent les passions adultes : amour, désir, vocation, mais aussi le goût amer de la trahison et la perte de l'innocence. Incarnés par de jeunes acteurs de talent, Luli (Maria Ruiz, dont c'est le premier rôle), qui se rêve danseuse étoile, Miguelito (Alberto Amarilla) le poète, Paco (Felix Gomez) le fils à papa, et Babirusa (Raul Arevalo) le fan de kung fu, passent leurs après-midi à rêvasser à la piscine. Entraînés dans le tourbillon de la vie, ils découvrent la sexualité, la lâcheté des parents, les rivalités amoureuses et rêvent de quitter Malaga. «Je n'ai pas fait un film pour les mangeurs de pop-corn !», a lancé Banderas. Huit ans après La tête dans le carton à chapeaux (Crazy in Alabama, 1999) où il dirigeait sa femme, l'actrice américaine Melanie Griffith, Banderas adapte un roman d'Antonio Soler, transposé en scénario par son auteur. Il a auditionné plus d'une centaine de jeunes acteurs avant de sélectionner des jeunes gens pour la plupart issus d'Andalousie, a-t-il expliqué. Pluie d'été se rapproche de l'esthétique des clips vidéo en multipliant les effets (couleurs saturées, ralentis...) et l'Espagne post-franquiste y prend des airs de Floride avec voitures décapotables et pin-up outrageusement maquillées en tenues collantes rose bonbon. En outre, une omniprésente voix off se lance dans des commentaires allégoriques et citations empruntées à Dante. Interrogé sur ses influences, Banderas – qui a tourné avec Bille August, Jonathan Demme, Alan Parker ou Brian de Palma après avoir été révélé par Pedro Almodovar –, a affirmé avoir «emprunté des choses à un grand nombre de réalisateurs» qui l'ont dirigé dans quelque «75 films». «J'ai eu l'idée de réaliser moi-même mes films lorsque je me suis mis à contester les décisions des réalisateurs sur les plateaux», a-t-il expliqué. «Le plus honnête était de passer moi-même à la réalisation, pour raconter le monde tel que je le vois», a conclu Banderas.