Les cheveux, comme les autres éléments du corps, font intimement partie de la personne et entretiennent un rapport d'intimité avec elle, même quand ils ont été enlevés. Un rite de sorcellerie universel consiste à envoûter une personne en utilisant ses cheveux ou d'autres poils de son corps : en manipulant les cheveux, on manipule le corps lui-même et on agit sur lui. C'est pourquoi, dans la tradition algérienne et maghrébine, il est recommandé de ne pas jeter n'importe où les cheveux qui restent dans les peignes, de peur que des personnes malveillantes les récupèrent et les utilisent. Dans beaucoup de cultures, les cheveux symbolisent les pouvoirs de l'homme. On se rappelle l'histoire biblique de Samson, qui était invincible : mais il a suffi qu'il coupe ses cheveux pour que ses forces l'abandonnent. Autrefois, la pire des humiliations pour un homme était de se faire couper les cheveux (ou la barbe ou la moustache) : c'était remettre en cause sa virilité et son honneur. La femme, qui subissait le même sort, était désignée comme une femme de mauvaise vie. En France, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les femmes qui avaient collaboré avec les Allemands ou avaient eu des relations intimes avec eux étaient rasées, puis recouvertes de goudron. En Chine, autrefois, ceux à qui on avait coupé les cheveux pour les punir de quelque délit ou faute grave ne pouvaient postuler à certaines fonctions parce qu'ils étaient marqués du sceau de l'infamie.