Aveu n Raouraoua a indiqué avoir voyagé en janvier 2002 au Mali aux frais du groupe Khalifa en compagnie du président de la Fifa. Le tribunal de Blida a entendu dans l'après-midi d'hier les derniers témoins dans le procès de l'affaire Khalifa, avant le début de la lecture du réquisitoire du représentant du ministère public et des plaidoiries des avocats de la défense. Le recours à la lecture des dépositions faites par les témoins devant le juge d'instruction est motivé par l'impossibilité du déplacement de certains de ces derniers devant le tribunal, comme c'est le cas de l'ancien président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, qui se trouve en ce moment à l'étranger, et a fait suite à l'insistance des avocats de la défense et du procureur général. La lecture du PV de l'audition de ce dernier par le juge d'instruction a, donc, permis de lever certaines zones d'ombre sur le fameux contrat de sponsoring de l'équipe nationale de football signé entre le groupe Khalifa et la FAF (alors présidée par Omar Kezzal), et renouvelé par M. Raouraoua en décembre 2002. En vertu de ce contrat, le groupe de Abdelmoumène s'est chargé des frais de transport aérien et terrestre des équipes nationales, du paiement des salaires des entraîneurs et de l'organisation de matchs amicaux internationaux en contrepartie de la «promotion de l'image de marque du groupe». Tout comme il a fait don, toujours selon les déclarations du témoin, de sept voitures et d'un bus à la fédération, qui ont été, par la suite, remis au liquidateur de la banque. Par ailleurs, M. Raouraoua a indiqué avoir voyagé en janvier 2002 au Mali aux frais du groupe Khalifa avec le président de la Fédération internationale de football, Joseph Blatter, pour assister à la Coupe d'Afrique des nations. Les autres cadres de la fédération ont, eux aussi, bénéficié d'une réduction de 50 % sur les lignes de Khalifa Airways. L'épisode de l'intention de l'acteur français Gérard Depardieu d'investir dans l'industrie du vin est également remonté à la surface à la faveur de la séance d'hier. C'est la lecture de la déposition de l'ancien directeur général de l'Office national des cultures vinicoles (Oncv), Saïd Mebarki, qui a fait ressortir que l'Oncv avait l'intention de créer une société mixte pour produire des vins en Algérie et les exporter, avec comme associés El-Khalifa Bank et trois Français, dont Depardieu. Les parts de ces derniers ont été déposées dans un compte ouvert à Al Khalifa Bank, mais le projet est tombé à l'eau à la suite de la faillite de la banque en mars 2003. L'ancien directeur exécutif chargé des finances à la Sonatrach a, quant à lui, raconté comment il avait évité à sa compagnie de perdre de l'argent dans le scandale en rejetant, malgré l'insistance d'autres cadres, une offre alléchante (18 % de taux d'intérêt) émanant de Al Khalifa Bank, après avoir constaté des irrégularités dans les documents comptables soumis par cette dernière. Une prudence dont n'ont pas fait montre les responsables de l'Institut Pasteur qui a perdu, selon le témoignage de son ancien directeur devant le juge d'instruction, 16 millions de dinars et 25 000 euros déposés en août 2002 auprès de la banque du groupe Khalifa.