Signe Des toiles marquées au tifinagh et des objets décorés de dessins rupestres? Il n?y avait pas foule, mercredi matin à El-Mougar. Une salle algéroise qui a l?habitude d?accueillir des films, des spectacles, ainsi que des artistes nationaux et étrangers désireux se faire connaître du public algérien. Pour cette fois, la représentation publique est constituée de deux expositions (picturale et céramique) présentées ensemble par deux artistes algériens. Cependant, si les auteurs sont distincts, les ?uvres picturales et céramiques exposées dans le hall de cette salle se complètent et s?imbriquent. Cette complémentarité est si évidente qu?on pourrait penser à une alchimie dont la pierre philosophale serait définie par l?impressionnisme, ce mode d?expression artistique qui exprime un idéal esthétique sans recourir à la contrainte du conformisme. En effet et pour cela, il suffit de se laisser captiver par les cimaises du hall de la salle El-Mougar où les ?uvres de Tadjène Abdelghani sont présentées. Ces dernières sont au nombre de 31 et traitent de sujets divers : paysages, natures mortes et portraits, dont celui de Kateb Yacine. Ces ?uvres reproduisent avec dextérité des animaux, des hommes, des femmes et des enfants qui ne posent pas. Ce sont des gens que le pinceau de Tadjène a surpris en pleine nature et a saisis en toute spontanéité. Une démarche qu?on rencontre uniquement chez les impressionnistes et qui est confortée par le vert qui, avec le rouge, sont les couleurs dominantes des ?uvres. On retrouvera également une reproduction de Femmes d?Alger dans leur appartement de l?illustre Delacroix, sans doute une référence pour Tadjène. Toutefois, l?artiste ajoute toujours à ses ?uvres, de façon subtile, le tifinagh, une façon de marquer de sa touche personnelle. Quant aux céramiques de Naziha Bastandji, elles sont au nombre de 36 et sont tout aussi ravissantes qu?excentriques. Excentriques de par les formes des coffres, parfois coniques, parfois circulaires, si joliment peints. Effectivement, ces objets sont décorés de motifs inspirés des dessins rupestres des grottes de Tassili n?Ajjer. Un signe numidien qu?affectionne probablement Bastandji. Et pour mettre en évidence celui-ci, l?artiste n?hésite pas à peindre ces objets en marron très clair. Ainsi, avec le tifinagh placé en amont et le dessin rupestre en aval, le hall d?El-Mougar affichait les symboles de l?héritage patrimonial. Double exposition de Tadjène Abdelghani et Bastandji Naziha à la salle El-Mougar, Alger, jusqu?au 5 novembre.