Exécutant son répertoire puisé du terroir, Hadj El Hachemi Guerouabi a subjugué le public venu se délecter. Il y avait grande foule, avant-hier devant le hall du Mougar. Dès 21h, les guichets affichaient complet et pour cause: El Hachemi Guerouabi était à l'affiche d'un deuxième concert organisé par l'Office national de la culture et de l'information (Onci). A préciser qu'un concert similaire s'était déroulé la veille au même endroit. Un dispositif de sécurité était disposé à l'extérieur et à l'intérieur. A l'entrée, une fouille minutieuse des sacs était effectuée par les agents de sécurité. Une immense foule était venue, ce soir-là, écouter et se délecter du riche répertoire d'un des géants de la chanson chaâbie El Hachemi Guerouabi. Ces épris du chaâbi et de son texte poétique puisé du terroir n'ont pas hésité à verser les 500 DA pour acquérir le ticket qui leur a permis d'accéder à la salle. «Certains futés» s'étaient adonnés à la vente des billets au marché noir. Ces derniers proposaient les billets à 800, 900 et 1000 DA. A un moment, des émigrés amoureux du chaâbi ont acquis leurs billets à raison de 10 et 20 euros, exigés par les revendeurs. La foule, amassée, pour une bonne partie, dans le hall, s'était quelque peu impatientée et les fumeurs avaient envahi les toilettes pour «fumer leurs dernières cigarettes avant le début du concert». Ce n'est que vers 21h 45 que la star fit son apparition sur la scène sous les applaudissements et les youyous d'un public en liesse. Un accueil qui toucha le chanteur lequel, en retour «portait la main sur le coeur en signe de remerciement et de respect pour le public connaisseur». Le contact avec ce dernier était très facile pour l'artiste qui entama son répertoire accompagné par des musiciens de très grand talent maniant leurs instruments avec une très grande dextérité. La plupart des observateurs étaient unanimes à dire que la position du pianiste qui donnait le dos, était «anormale». Par ailleurs, les mêmes observateurs ont noté que «la table et les fleurs en plastique disposées devant l'artiste n'étaient pas une marque de non- respect à sa renommée» et qualifiée «d'atteinte à sa personnalité». Le sourire aux lèvres, «El Hadj» comme se plaisent à le nommer les fans, a donné un récital époustouflant qui a pris fin vers 1h. L'artiste s'est laissé aller «d'un beit (passage de la chanson) à un autre, du rythme goubahi à autre» El Hachemi a subjugué le public. Le «Nabaoui» était au coeur du répertoire. Ces passages étaient ponctués par des «beit oussieh et des istikhbar que seul lui connaît le secret». Ya sahib El Ghamama (faisant allusion au prophète) était une des chansons qui ensorcela l'assistance. Les textes poétiques retraçant l'histoire du prophète étaient chantés avec brio par la star appuyée par «les khemassines (chorale assurée par les six musiciens)». Fidèle à ses habitudes et à son tempérament jovial, l'artiste a «apostrophé le violoniste qui s'était attardé pour entamer son istikhbar». Un merveilleux jeu de lumières égayait le décor. Cela rappelait La Casbah accentuant l'atmosphère de fête qui régnait dans la salle qui observait un silence religieux pendant que la star exécutait son tour de chant. Les lumières, les motifs et le décor avaient pour toile de fond, des images changeantes d'une nuée de fleurs et autres vues de palais. A un moment donné, le public a plébiscité l'exécution de la célèbre chanson «El Herraz». El Hachemi Guerouabi s'est exécuté non sans maintenir le suspense. Il entama un «istikhbar» qui dérouta le public lequel s'attendait à une autre chanson. Un déluge d'applaudissements s'est littéralement abattu sur «Echeikh» lorsqu'il enclencha la quassida d'El-Herraz qu'il chanta avec une très grande passion. Une chanson qui était suivie par le traditionnel «Ebquaou Aâla Khir (au revoir)» et qui marqua la fin de cette sublime soirée qui restera gravée dans la mémoire de ses fans mais aussi dans celle des centaines de personnes venues se délecter des richesses poétiques contenues dans les quassidates savamment exécutées par «Echeikh». El Hachemi Guerouabi devra se produire le lendemain à Paris et sera aussi le 21 novembre à la salle Ibn Khaldoun pour rendre hommage au chantre de la chanson chaâbie, feu El Hadj M'hamed El Anka.