Confidences n Merzak Bagtache était, hier, l'invité du forum culturel qu'organise chaque semaine la radio culturelle (au Centre culturel de la Radio nationale). Il est à rappeler que Merzak Bagtache a remporté, cette année, à l'occasion de la 4e Nuit des Fennecs d'Or, le prix dans la catégorie meilleur scénario pour la série El-Aouda (Le retour). Sur ce, il n'hésite pas à faire montre de sa franchise. «Cela m'a fait plaisir, mais j'aurais préféré être récompensé dans un autre domaine, comme celui de la littérature», a-t-il lancé. Et de poursuivre : «L'écriture du scénario est, pour moi, un accident de parcours. Contrairement au récit narratif, l'écriture du scénario n'ouvre pas la voie à la recherche, à la création.» Enchaînant aussitôt sur sa carrière d'écrivain, Merzak Bagtache a mis l'accent sur sa passion pour l'écriture, passion perçue très jeune. «C'est à l'âge de 19 ans que j'ai commencé à écrire», a-t-il dit, ajoutant que «son premier écrit est paru, dans les années 1960, au quotidien Echaâb.» Ce n'est pas seulement l'écriture qui le motive, mais également d'autres formes d'expression. «Outre l'écriture, il y a le dessin (et la peinture), d'ailleurs avant même que je ne commence à écrire, je me suis essayé au dessin, puis à la musique. Ensuite, j'ai rencontré l'écriture qui m'a aidé à m'exprimer largement et en toute liberté», a-t-il confié. En parlant d'écriture, Merzak Bagtache a avoué son amour – et son intérêt – pour la calligraphie arabe. «La calligraphie arabe est un art, c'est quelque chose de beau, de subtil, de civilisationnel. Quand je me mets à écrire, je le fais à la main, c'est-à-dire que j'utilise un qalame ou une plume, ensuite, et après avoir fini d'écrire, je relève le tout sur mon ordinateur», a-t-il indiqué, précisant que procéder de cette manière, c'est donner un caractère, une forme, une épaisseur, un sens, une esthétique, une vie au mot, à la lettre. «Cela m'inspire, me donne goût au texte que j'écris.» Plus tard, l'intervenant a évoqué son rapport à la mer, rapport que l'on trouve, directement ou implicitement, dans pratiquement tous ses écrits. «Si je fais allusion à la mer, c'est seulement parce que j'ai vécu avec (ou près de) la mer. Mon père et mes oncles étaient des marins, donc j'étais en contact avec la mer», a-t-il expliqué. Et de dire : «La mer est mon environnement, mon vécu, donc j'écris sur ce dont j'ai connaissance.» Il est à souligner que Merzak Bagtache préfère se définir comme étant un nouvelliste, même s'il a touché à la poésie et au roman. «Je suis un nouvelliste», ne cesse-t-il de dire et de répéter. «Dans mes écrits, je m'engage avec responsabilité envers la langue, je collabore avec elle. Je fais un travail sur la langue», a-t-il expliqué. Et de poursuivre : «Je conçois l'écriture, donc la littérature à un niveau moral, c'est-à-dire j'écris pour parvenir à un idéal esthétique.» Merzak Bagtache n'hésite pas à dénoncer certains auteurs qui écrivent juste pour écrire, ou sur commande. «Ces écrivains que je préfère ne pas citer se détournent de la langue et de ce qu'elle véhicule comme valeurs esthétiques pour s'engager dans une écriture libérale, dénuée de toute moralité littéraire», a-t-il regretté. «Aujourd'hui, l'on est encore en train de chercher la langue avec laquelle on écrit, alors que les auteurs étrangers, notamment occidentaux, ont dépassé ce stade-là, ils ne cherchent pas la langue, mais ils travaillent dessus. Ils l'ont développée, enrichie, ils ont augmenté sa charge de vocabulaire pour lui donner plus de portée et plus d'assise.»