Dans l'interprétation moderne des rêves, on affecte généralement à la bouche et aux lèvres une fonction érotique : les lèvres, bien coloriées, charnues, sont un appel au désir. A l'inverse, des lèvres ternes ou abîmées sont un symbole d'affaiblissement du désir, d'une sexualité terne, voire de l'impuissance, du moins l'impuissance à s'exprimer. La bouche est liée également à la parole, c'est-à-dire à l'expression et à la communication : devenir muet dans les rêves est un signe de refoulement, de repli sur soi, d'isolement. C'est aussi l'incapacité d'exprimer ses désirs ou sa volonté. A l'inverse, une bouche volubile, qui n'arrête pas de parler, est le signe d'une extraversion, c'est-à-dire d'une forte tendance à exprimer ses sentiments, à faire étalage de sa pensée. Certains analystes, tel le psychanalystes suisse C. G. Jung associe la bouche au feu (c'est encore le symbolisme du désir). Partant de la constatation que dans beaucoup de traditions, la bouche est associée au feu (feu sortant de la gueule du dragon, lyre d'Apollon, langues de feu des Apôtres de Jésus qui reçoivent ainsi le don de parler les langues étrangères, etc.), Jung voit dans cette alliance une expression de l'énergie vitale, représentée non seulement par le feu ordinaire, mais aussi par le soleil et la foudre. Force bienfaisante, comme du feu ordinaire ou du soleil qui fait vivre mais aussi force destructrice, réduisant en cendres tout ce qu'elle touche. Le feu, c'est enfin le feu du désir et de la passion, ce qui fait revenir à l'érotisme.