Dans de nombreuses cultures, les dents, quand elles sont blanches, fortes et bien alignées dans la bouche, sont un symbole de force et de jeunesse. Quand elles sont, au contraire, branlantes, cassées ou cariées, elles sont signe de vieillesse, de décrépitude et de mort. Une énigme kabyle décrit ainsi la vieillesse : «la neige est tombée sur les monts, les meules sont toutes ébranlées», la neige sur les monts étant la canitie (les cheveux blancs) et les meules les dents. Cette comparaison de la dent à la meule se retrouve dans d'autres cultures : ce n'est pas seulement la fonction de manducation qui est ici illustrée mais également celle de la puissance. Cette force est en général dévolue aux molaires qui écrasent effectivement les aliments comme des meules, les incisives, elles, représentant l'agressivité : elles ne moulent pas les aliments mais les déchirent. Dans les actes d'hostilité, il arrive que, oubliant toute contenance, on se jette sur son adversaire pour le mordre : les incisives font alors office d'armes, aussi acérées que des couteaux et tout aussi dangereux. Chez les ambitieux, les dents sont dites «longues» : elles deviennent des instruments de préhension, de prise de possession de ce que l'on convoite, comme objets, fonctions ou honneurs. Quant aux gloutons, aux gens dépourvus de moralité, on les assimile à des requins, qui n'hésitent pas à déchirer leurs proies de leurs dents acérées. Une image plus tranquille fait des dents un élément de parure : dans la poésie arabe, berbère, persane etc. les jolies dents sont comparées à des perles, à cause de leur blancheur et de leur éclat.