Tournant Le futur des relations devra-t-il être envisagé à l?aune de la nouvelle revendication territoriale de Rabat ? La demande d?explications, adressée lundi au royaume chérifien par les autorités algériennes, sur un discours expansionniste de plus en plus sonore au Maroc, semble augurer d?une nouvelle étape dans les rapports entre les deux pays. Jusque-là maintenues sous une perfusion distillée par des messages officiels où sont soigneusement évitées les questions brûlantes telle la réouverture des frontières ou des télégrammes de félicitations à l?occasion de fêtes nationales, les relations entre les frères ennemis viennent de connaître un nouveau rebondissement. Excédée, Alger a décidé de réagir à une campagne qui dure depuis quelques semaines et que rien ne prouve qu?elle ne soit pas orchestrée par le palais royal. Au moment où l?ambassadeur marocain s?expliquait à El-Mouradia, son homologue algérien à Rabat s?est rendu au palais pour demander des éclaircissements. Cela intervient au lendemain de l?envoi par Mohammed VI d?un message de félicitations au président algérien dans lequel il formulait le v?u d?établir des relations solides avec l?Algérie. Le régime marocain a de toutes façons toujours fonctionné de cette manière : envoyer un message de félicitations et actionner, encourager, en parallèle et de la manière la plus officieuse qui soit, des mouvements comme celui né le 21 septembre dernier et qui n?est pas encore mort de son ridicule «le front de libération de l?Algérie marocaine». Ce mouvement revendique pas moins de 38% du territoire algérien. Présidé par Mohamed Alouah, leader du parti libéral réformateur, ce «front» a, dans un communiqué rendu public récemment, annoncé la constitution de milices armées qui vont mener des opérations dans les villes de Nedroma, Tlemcen, Oran, Mohammadia, Béchar, Adrar, Reggane à l?Ouest et au Sud-Ouest ainsi qu?à Cherchell, Ouargla et Hassi Messaoud au Centre et au Sud. Ce qui est pour le moins certain, c?est que des rencontres et des forums de discussions ont eu lieu au Maroc dernièrement autour de ce délire qu?est le «Grand Maghreb», né déjà en 1963 et que l?on croyait mort, sans que le palais royal bouge le petit doigt. Autre évidence : le rêve expansionniste marocain tente de reprendre corps cycliquement et à chaque fois que les pressions du Conseil de sécurité et de la communauté internationale sont exercées sur la monarchie alaouite appelée à reconsidérer ses positions concernant le problème du Sahara occidental. Quel devenir pour les relations bilatérales maintenant que le Maroc a franchi cette étape dangereuse ? L?avenir nous apportera la réponse.