Résumé de la 2e partie n Arrivés devant un étang, de grands cygnes blancs ont la tâche de rejoindre les enfants perdus de l'autre côté de l'étang. Montez, commanda celui qui semblait avoir pour mission de surveiller les embarquements. — Attendez, protesta Delphine, il faut que je vous explique... — Je n'ai pas d'explications à entendre, coupa le cygne. Vous vous expliquerez dans l'île, si vous voulez. Allons, vite. — Laissez-moi vous dire... — Silence ! Le cygne, l'œil méchant, allongeait déjà son grand cou, et son bec menaçait les mollets des petites. — Allons, dit l'un des cygnes attelés au radeau, soyez raisonnables. Nous n'avons plus de temps à perdre ici. Effrayées, les petites n'osèrent pas résister davantage et montèrent sur le radeau. Les deux cygnes partirent aussitôt et, gagnant le milieu de l'étang, nagèrent en direction de l'île. La promenade était agréable et les deux enfants ne regrettaient guère le rivage. On rencontra des cygnes qui revenaient de l'île où ils avaient sans doute déposé des passagers. D'autres, légèrement chargés d'un chaton ou d'un marcassin en bas âge, dépassèrent l'attelage et eurent bientôt abordé. Le petit chien blanc était si content de naviguer qu'il faillit plusieurs fois sauter hors des bras de Marinette pour aller jouer avec l'eau. La traversée dura un peu plus d'un quart d'heure. Au débarqué, un cygne vint prendre livraison des deux sœurs et du petit chien et les conduisit à l'ombre d'un bouleau d'où il leur défendit de s'éloigner sans sa permission. Delphine et Marinette reconnurent, dans le troupeau des jeunes bêtes qui les entouraient, la chevrette et les deux canetons, sans compter quelques autres aperçues tout à l'heure sur le rivage de l'étang. Marinette compta une quarantaine d'orphelins, de tout poil et de toute plume, et, à chaque instant, le cygne en amenait de nouveaux. Ils songeaient à la famille qu'ils allaient trouver bientôt et l'émotion les rendait silencieux. A l'autre bout de l'île était massé un autre troupeau. Une ligne de buissons empêchait de les bien voir, mais l'on pouvait distinguer qu'il n'y avait là que des animaux d'un âge mûr. Ils semblaient assez bavards et le bruit de leur voix parvenait aux petites. Au bout d'un quart d'heure d'attente, Delphine avisa un vieux cygne occupé à faire les cent pas devant les orphelins qu'il était sans doute chargé de surveiller. Il marchait en dodelinant de la tête avec un air de bonté. Voyant Delphine faire un geste d'appel, il s'avança et dit aimablement : — Bonjour, mes enfants. Il fait une jolie journée de printemps n'est-ce pas ?... Plaît-il ? Je suis un peu dur d'oreille, vous savez. — Je voulais vous dire que, ma sœur et moi, nous voulons rentrer chez nous. — Oui, merci, je me porte assez bien pour mon âge, répondit le vieux cygne qui entendait vraiment mal. — Nous avons besoin de rentrer chez nous, fit Delphine en haussant la voix. — En effet, il commence à faire bien chaud. Alors, Delphine se porta tout contre l'oreille du vieux cygne et cria de tous ses poumons : — Nous n'avons pas le temps d'attendre ! Il nous faut rentrer à la maison ! Elle n'avait pas fini de crier qu'un cygne, celui-là même qui les avait embarquées sur le radeau, surgissait d'un buisson en vociférant : — Encore ces gamines ! On n'entend plus qu'elles, ma parole ! Je commence à en avoir assez ! — Ma sœur était en train d'expliquer... commença Marinette. — Silence ! mal élevée, ou je vous donne à manger aux poissons de l'étang ! A vos places, toutes les deux ! (à suivre...)