Rencontre n Tahar Ouaman, artiste peintre, était l'invité du Centre culturel de la Radio nationale. Tahar Ouaman a commencé par évoquer son parcours artistique. «J'ai commencé très jeune à dessiner», a-t-il dit. Et d'ajouter : «Je dessinais d'abord sur les murs, puis, avec l'âge, j'ai commencé à me forger une méthodologie et à me construire une expérience.» «J'étais, à l'époque, très influencé par la peinture orientaliste tant par les couleurs que par la composition», a-t-il indiqué. Il est à relever que l'artiste a commencé par faire les paysages et la nature morte. Mais à partir de 1974, Tahar Ouaman a pris un autre chemin, il a entrepris une nouvelle manière d'appréhender, de concevoir l'art. «J'ai commencé à m'essayer au surréalisme. C'est parce que j'étais influencé par la philosophie que j'essayais de lier à la peinture. Je voulais aussi mêler tout ça à notre patrimoine. C'était, je le reconnais, une équation très difficile à réaliser mais faisable» Tahar Ouaman a souligné que le patrimoine algérien (d'inspiration berbère et d'influence arabo-musulmane) l'a aidé à se faire un art, le sien. «La poésie arabe m'inspire et inspire mon travail. Elle insuffle à ma création vie et vitalité.» En lisant un poème, il voit en effet une peinture; et à partir d'un poème, il compose, en formes et en couleurs, un tableau. Ce qui lui plaît dans la poésie, c'est bien l'écriture, voire la manière dont les lettres sont calligraphiées. Chose qu'il aime et qui l'inspire. Ensuite, et après avoir parlé de son expérience, Tahar Ouaman a regretté que la vie culturelle en Algérie, notamment l'expression artistique (arts plastiques) ne soit plus ce qu'elle était autrefois. «Il y avait, avant, une dynamique et une créativité. Les artistes pensaient, imaginaient et créaient. Mais aujourd'hui, les choses ont changé. La dynamique a été cassée. Cela a créé un vide culturel et causé une indigence artistique.» D'autre part, Tahar Ouaman a regretté que la recherche en matière d'art n'y soit plus. «Cela fait, selon lui, que l'art algérien perd de sa personnalité et tombe aussitôt sous l'influence étrangère.» «L'absence également de critique fait que l'art n'avance pas et que cesse la création», a-t-il soutenu. Ainsi, il dresse un tableau sombre quant à l'art en Algérie. Il reproche aux instances concernées de ne pas avoir formulé une volonté franche et directe pour soutenir l'art, en encourageant les artistes à faire de la recherche et à créer. Pour lui, l'environnement favorable à l'épanouissement intellectuel et à l'effervescence artistique n'existe pas.