Une cérémonie de recueillement a eu lieu ce matin au Palais du gouvernement, l'une des cibles du carnage de mercredi dernier,en présence de ministres. Hier, les Algériens ont démontré leur détermination à faire face au terrorisme. Esplanade du Palais du Gouvernement au centre d'Alger, Mercredi 11 avril, 10 h 45. Les automobilistes sont contraints de ralentir non sans pester contre ces embouteillages qui n'en finissent pas. Les piétons, eux, pressent le pas et semblent contrariés par la timidité des quelques rayons de soleil qui osent une incursion à travers de gros cumulus annonciateurs d'une perturbation imminente. C'est dire que, depuis quelques années, la paix rétablie aidant, la circulation et la météo font partie des préoccupations premières des habitants de la capitale. Soudain, une énorme explosion se fait entendre à des kilomètres à la ronde, faisant voler en éclats les vitres des immeubles environnants. «Une conduite de gaz a dû éclater…», se disent les uns, un coup de tonnerre se disent les autres. Nul ne pouvait penser un instant que le terrorisme pouvait ressurgir sans crier gare et frapper en plein jour l'un des centres névralgiques du pays. Et ce après des années de paix. L'impensable ne tarde pas à se transformer en terrible réalité : un kamikaze s'est fait exploser, avec une charge de 700 kilogrammes de TNT, contre l'immeuble abritant le siège du gouvernement ! L'incrédulité cède vite le pas à la stupeur, et, dans une convulsion de l'Histoire, les Algérois replongent dans l'horreur des pires moments vécus par le pays dans les années 90. Le bilan est lourd : au moins 12 morts, tous calcinés ou déchiquetés, et des dizaines de blessés plus ou moins graves. La façade touchée du bâtiment est sérieusement endommagée. La panique chasse à son tour la stupeur quand la nouvelle d'une autre explosion quasi simultanée tombe : cette fois, c'est le commissariat de Bab Ezzouar, dans la banlieue est de la ville, qui est visé par une attaque similaire faisant plus de 15 morts parmi les policiers et les riverains. Dans la foulée, les alertes à la bombe se multiplient à chaque coin de rue et les lieux publics sont désertés. En ce mercredi noir, les gens se sont cloîtrés chez eux plus tôt que d'habitude. Le jour, la peur se lit sur les visages, la nuit sur les murs. Mais une peur que les Algérois s'efforcent de vaincre. Hier, ils en ont donné la preuve en prenant part massivement, à l'instar des citoyens aux 4 coins du pays, aux rassemblements de dénonciation des deux attentats meurtriers. ? la Coupole du 5-Juillet, ils ont crié leur colère et leur ras-le-bol. Leur refus de revivre le cauchemar de la «décennie rouge». Ce matin, sur les lieux mêmes du drame, au Palais du gouvernement, ils ont également tenu à être présents . Pour se recueillir à la mémoire des victimes et condamner les auteurs des attentats et leurs commanditaires. Des actions plus que salutaires en ce sens que l'on a toujours à l'esprit le fait que sans la mobilisation citoyenne, le risque terroriste ne sera jamais loin.