Ce n'est pas par excès de patriotisme ou par amour de l'Algérie que le Gspc n'a pas commis d'attentats lors de la présidentielle. S'exprimant sur la situation sécuritaire hier en marge de la cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes de l'attentat kamikaze qui avait ciblé le Palais du gouvernement le 11 avril 2007, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a affirmé que l'Etat «maîtrise la situation, mais de là à s'aventurer à dire que nous sommes complètement à l'abri d'un attentat serait exagéré». Il est rare qu'un haut responsable de l'Etat fasse un pareil «aveu», mais le fait est que le terrorisme n'est pas encore extirpé même si sa colonne vertébrale a été brisée. De ce fait, l'Algérie n'est pas à l'abri d'actes terroristes spectaculaires de même d'ailleurs que tout autre capitale dans le monde fût-elle aussi sécurisée que Londres. Les habitants de la capitale britannique, Londres, sont filmés en moyenne 300 fois par jour. Circulation, accidents sur la voie publique, incendies, petits délits ou agressions, tranquillité des habitants...les caméras sont partout. Dans les bus, les métros, les coins de rues, dans les magasins ou les restaurants, sur les ponts de la Tamise. Elles seraient aujourd'hui près de quatre millions au Royaume-Uni... Une caméra pour 14 habitants. En dépit de cet arsenal de surveillance, il y a bien eu les attentats meurtriers du 7 juillet 2005. Les conditions sécuritaires relativement très calmes dans lesquelles s'est déroulée l'élection présidentielle de jeudi dernier, renseignent combien s'est amenuisé la force de frappe du Gspc, la branche opérationnelle d'Al Qaîda au Maghreb. Ce n'est pas par excès de patriotisme ou par amour de l'Algérie que cette organisation criminelle n'a pas commis d'attentats spectaculaires qui lui auraient donné une résonance internationale durant cette opportunité de la présidentielle. L'opportunité était effectivement de taille: l'événement a rassemblé près 700 journalistes et représentants de chaînes de télévisons internationaux. Pour les experts du terrorisme et les spécialistes des affaires sécuritaires, le déroulement dans le calme de l'élection présidentielle en Algérie a été la plus grande défaite stratégiques des groupes terroristes. Car, hélas, le degré de «considération» d'une organisation terroriste se mesure à l'aune de la cruauté de ses carnages commis contre les citoyens. Une raison d'être optimiste à l'égard de la lutte contre le terrorisme, et le Premier ministre n'a pas manqué de saluer dans ce contexte, la mobilisation et la lutte des forces de sécurité contre le terrorisme. «Mais, je dois dire que le meilleur moyen pour lutter contre les attentats terroristes lâches sont la mobilisation et la vigilance de tous, à savoir citoyens, pouvoirs publics et forces de sécurité», a-t-il affirmé. Hier, le moment a été fort devant le Palais du gouvernement. Une cérémonie de recueillement à la mémoire des victimes de l'attentat du 11 avril 2007 a été organisée à l'entrée de cet édifice, à Alger. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, accompagné du ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, du ministre délégué chargé des Collectivités locales, Daho Ould-Kablia, et du wali d'Alger, Mohamed-Kebir Addou, a déposé une gerbe de fleurs avant de réciter la Fatiha du Saint Coran à la mémoire des victimes. Des fonctionnaires du Palais du gouvernement, des membres des familles des victimes ainsi que des lycéens, venus de trois lycées différents de la capitale, ont pris part également à cette cérémonie. «Cette cérémonie se veut un recueillement à la mémoire des collègues que nous avons malheureusement perdus lors de l'attentat terroriste. Un recueillement à la mémoire de compagnons, hommes et femmes, qui servaient la République dans cet immeuble, et qui auront payé le prix à la démence du terrorisme», a déclaré M.Ouyahia ajoutant que cet hommage «se veut, à la fois, un recueillement à la mémoire des cadres et fonctionnaires du Palais et des autres victimes de cet attentant du 11 avril mais, aussi, un hommage et un recueillement à la mémoire des victimes du terrorisme à travers tout le territoire national et à travers toutes ces années». Le Premier ministre a souligné que «la République est restée debout, plus forte que jamais, et son peuple plus déterminé qu'il ne l'a jamais été, et il en a donné le meilleur exemple, il y a de cela deux jours, lorsqu'il fallait qu'il sorte pour consolider ses institutions et élire son président de la République».