Constat n L'avortement a des répercussions psychologiques, morales et sociales considérables sur la vie des femmes, notamment lorsqu'il est fait clandestinement et de ce fait, aucune aide adéquate ne peut leur être apportée. Si dans certains pays, l'avortement apparaît de nos jours comme un droit de la femme à disposer de sa vie, dans notre société, il revêt un caractère tout à fait clandestin à telle enseigne que le quantifier et l'évaluer relève presque de l'utopie, du fait de la non-déclaration de cet acte. Il est illusoire d'essayer d'approcher un chiffre exact même en confrontant les données de la Gendarmerie nationale et de la justice, qui parlent de 200 à 300 avortements clandestins par an. On sera, en effet, toujours loin des chiffres réels tout en étant convaincu que dans ce geste, sous-déclaré, il existe un chiffre noir. L'avortement, dans l'Algérie d'aujourd'hui ressemble, étrangement, à la situation vécue par les Français avant 1975. Les Algériennes ayant les moyens financiers se rendent en France ou en Tunisie pour procéder à une IVG (interruption volontaire de grossesse) dans de bonnes conditions. Les catégories les moins privilégiées par peur de la justice et du déshonneur sont, dans un état de désespoir, contraintes de pratiquer un avortement clandestin dans des conditions techniques et hygiéniques déplorables générant très souvent des infections et accidents pouvant entraîner la mort ou tout au moins une stérilité définitive. Selon le professeur Belkhodja, une doyenne des gynécologues obstétriciens algériens et vice-présidente de l'Aapf, l'avortement a pour origine une série de problèmes et non quelque facteur isolé, il est dû à la montée vertigineuse du nombre des agressions sexuelles. Il est cependant important de préciser que même les femmes mariées qui ne souhaiteraient pas amener à terme leur grossesse ont recours à l'avortement. «Si toutes les naissances non désirées étaient évitées par le recours à la contraception, il n'y aurait évidemment pas d'avortement provoqué. Or aucune population au monde n'est parvenue à supprimer l'avortement pas même les populations pratiquant à très grande échelle une planification familiale de qualité, fondée sur des méthodes contraceptives modernes. En réalité, quand les couples désirent moins d'enfants, ils ont tendance à augmenter l'efficacité de leurs pratiques contraceptives et de ce fait sont d'avantage prêts en cas d'échec de la contraception à recourir à l'avortement», explique M. Yelles, démographe et membre aussi de l'Aapf. L'avortement a pris, au cours de la dernière décennie, une dimension nouvelle au point de constituer un véritable problème de santé public en raison des nombreux risques de mortalité et de morbidité liés à cette pratique. C'est pourquoi, certains praticiens n'hésitent pas à soutenir l'idée, selon laquelle les femmes célibataires doivent elles aussi avoir droit à la prise en charge dans les services de la Protection maternelle et infantile (PMI). Ceux qui sont favorables à la dépénalisation de l'avortement iront même jusqu'à plaider pour l'annulation du livret de famille exigé lors des consultations au niveau des PMI. Une mesure qui permettrait, justifient-ils, aux jeunes filles d'accéder aux contraceptifs.