Résumé de la 2e partie n Marika prend ses enfants et ses valises pour un aller sans retour. Le seul endroit qui lui vient à l'esprit : l'hôtel. Et, cette fois, la mère de Marika l'a cru. Les yeux de Ludwig ne pouvaient pas tromper. Il est en bas, au café, il joue au flipper comme d'habitude. Elle est sur le trottoir, avec ses valises, la poussette des jumelles. Elle n'a pris que son manteau, son sac et l'article de journal qu'elle a trouvé bien plié dans la poche de Ludwig. La seule preuve qu'elle ait. La seule tangible, et qui ne veut pas dire grand-chose, sûrement. Sauf pour elle. Il vient la rejoindre sur le trottoir. Il attend le taxi avec elle. Il dit : «Tu reviens quand ?» La gorge serrée, elle s'entend répondre : «Dès qu'elles seront guéries, deux ou trois jours. — Tu emportes tout ça ? — J'aurai besoin de les changer souvent, les amygdales, tu sais.» Il traîne, il la retarde, il pose des questions qu'il aurait dû poser bien avant. L'hôpital, comment ça se passe. Est-ce qu'elles auront maI ? Pourquoi si vite ? «Maman n'est disponible que ces jours-ci, elle a promis de remplacer une amie dans sa boutique». Elle ment, elle invente, elle installe les jumelles elle sourit au chauffeur de taxi qui transporte la poussette ; un dernier effort, un baiser rapide, lèvres serrées sur le dégoût, et c'est fini. Le taxi démarre elle le voit un moment encore sur le trottoir, les mains dans les poches. Peut-être sa dernière journée d'homme libre... Marika a choisi. Elle ira jusqu'au bout. Marika a rendez-vous dans un bureau de la police criminelle de Hambourg. Le fonctionnaire a l'air débordé. «Vous venez pour l'affaire Sheffer, on m'a dit ? — Oui monsieur. — Renseignements ? Témoignage ou dénonciation ? — Eh bien... — Vous savez qu'il y a une prime ? Alors je vous préviens, si vous n'avez rien de sérieux, inutile de me faire perdre mon temps. — C'est vous qui m'avez dit de venir, au téléphone vous avez dit que c'était grave. — Votre nom ? — Marika Banner. — Ah ! oui, votre mari, c'est ça. Excusez-moi. Asseyez-vous.» Le fonctionnaire observe la jeune femme avec attention, à présent. Il remarque qu'elle est pâle, fatiguée, affreusement triste et apeurée... «Ne craignez rien, madame. Si vos doutes me paraissent inconciliables avec l'enquête, nous le saurons tout de suite, et vous oublierez ça... Je vous écoute. Dites-moi pourquoi vous croyez que votre mari est l'assassin des Sheffer. — Je ne connais pas l'affaire, monsieur. J'ai seulement trouvé ce morceau de journal dans sa poche, il n'y a que le titre de l'article, c'est tout. Mais il y a plusieurs semaines que je sens quelque chose d'anormal chez lui. Il me fait peur, il a changé. J'avais confiance en lui avant, nous sommes mariés depuis un an seulement, je n'aurais jamais pensé... — Avez-vous remarqué quelque chose de précis ? Il travaille de moins en moins, il a toujours besoin d'argent, il en emprunte, il a menacé ma mère de la tuer l'autre jour, parce qu'elle lui refusait cent marks. Il a dit qu'il n'avait plus rien à perdre, et qu'il en avait déjà deux sur la conscience. Et puis, je me suis souvenue du premier soir où j'ai eu l'impression qu'il était dangereux. (à suivre...)