Résumé de la 1re partie n Après avoir épousé l'homme qu'elle aimait et mis au monde de belles jumelles, Marika se sent malheureuse. Elle doit prendre une décision. Je ne te reproche pas d'avoir moins d'argent, Ludwig, simplement, je ne comprends pas pourquoi tu as refusé cet intérim de quinze jours. — Pas envie, c'est tout. Si ça ne te plaît pas, c'est la même chose. — Je t'en prie, ne t'énerve pas. — Je ne m'énerve pas. Je ne m'énerve jamais. Si tu as besoin d'argent, va emprunter à ta mère ! — Tu l'as déjà fait cette semaine. Ce n'est pas une solution. — Evidemment, ce n'est pas une solution ! Elle ne m'a rien prêté ! Je ne lui demandais pas une fortune, pourtant ! cent marks ! — Elle ne les a pas, et ce n'était pas une raison pour la menacer comme tu l'as fait ! Ma mère a été très choquée. — Qu'est-ce qu'elle t'a raconté ? — ?a n'a pas d'importance. Je lui ai dit que tu avais réagi un peu violemment, parce que tu avais des soucis. — Je veux savoir ce qu'elle t'a dit !» Il ne crie pas. Il est debout devant sa femme, les bras le long du corps, sans menace apparente, et pourtant il n'est que menace : «Répète ce qu'elle t'a dit. — Que tu avais menacé de la tuer ! C'est stupide je le lui ai dit ! — Tu l'as crue ? — Mais non... bien sûr que non ! — Si, tu l'as crue ! Et tu as raison. Je lui ai vraiment dit ça, et sur le moment je l'ai pensé. C'est tout ? — Oui, c'est tout. Bien sûr...» Marika se force à sourire. «C'est déjà suffisant pour ma mère. Elle n'a pas vraiment le sens de l'humour.» Il tourne autour d'elle et des enfants dans leur parc. Marika frissonne, elle a la chair de poule. Est-ce le moment ? Il faut qu'elle se décide, il le faut. Depuis quinze jours, elle n'en peut plus. «Ludwig ? Les jumelles ont besoin d'être opérées des amygdales. ?a ne durera pas longtemps, mais je préférerais m'installer chez ma mère quelques jours, elle m'aidera. ?a ne t'ennuie pas ? — Fais ce que tu veux. Mais laisse-moi des provisions ! — Tu vas travailler, aujourd'hui ? Je partirai tout à l'heure. — J'en sais rien. Salut.» Il s'en va, sans embrasser les enfants, sans dire où il va. Il n'a rien senti, rien deviné. Marika a le cœur si serré que la nausée est proche. Elle a mis tant de jours à comprendre, à mettre ses sensations bout à bout, à réaliser, à réfléchir, à mettre sur pied un plan fragile pour s'en aller d'ici, pour faire ce qu'elle doit faire. Et tout à l'heure, lorsqu'il parIait de sa mère, elle a bien cru qu'il «savait» qu'elle «savait». Mais non. Il la laisse partir. Et s'il guettait ? Dans l'escalier ou au coin de la rue ? Non. C'est ridicule. Marika sort les valises des enfants, la poussette, tout ce qu'elle a préparé pour la fuite. Elle ne va pas chez sa mère. Sa mère n'est pas chez elle non plus. Tout est prévu. Elle restera chez une amie le temps qu'il faut, avec les enfants, tandis que Marika ira à l'hôtel. Et si on ne la croyait pas ? Et si elle se trompait ? Tant pis. De toute façon, elle ne peut plus vivre avec cette idée en tête, avec cette presque certitude épouvantable. Elle sent, elle sait qu'il faut mettre les enfants à l'abri, sa mère et elle-même. Il l'a dit lui-même l'autre jour, en se voyant refuser les cent marks : «Je vous tuerai ! J'en ai déjà deux sur la conscience, alors qu'est-ce que j'ai à perdre ?» (à suivre...)