Les excrétions — larmes, crachats, mouchures, glaires etc — sont significatives dans les rêves. Les larmes sont comparées à des perles ou à des gouttes d'ambre : elles symbolisent le plus souvent la douleur et la peine, mais elles peuvent être aussi les témoins d'un bonheur intense, d'où l'expression «larmes de joie». Dans beaucoup de cultures, les larmes sont associées à la pluie bienfaisante : c'est pourquoi, on cherche à les provoquer au cours de rites de fécondité, pour pouvoir, par un phénomène d'association, attirer la pluie. En période de sécheresse, les Aztèques procédaient à des sacrifices d'enfants : on faisait pleurer ceux-ci pour appeler la pluie. Dans les rogations de la pluie, appelées Anzar, les Berbères conduisaient à la Pluie (principe masculin) une fiancée qu'ils lui offraient symboliquement : dans certaines régions, comme la Kabylie, les enfants frappaient la «fiancée» (une jeune fille montée sur une mule) avec des branches d'ortie : l'objectif est de la faire pleurer pour que le ciel, ému par sa douleur, pleure à son tour. Le crachat, lui, est souvent associé à l'humiliation : cracher sur quelqu'un, c'est comme le frapper, c'est-à-dire porter atteinte à sa réputation et à sa dignité. C'est pourquoi les anciens codes villageois algériens prévoyaient des peines sévères contre ceux qui crachaient sur les autres. Mais, il y a des crachats bénéfiques : ceux des médecins et des sorciers qui soignaient les blessures ou extirpaient le venin des serpents. La morve et les glaires, eux, sont partout objets de répulsion, bien que celles des saints et des hommes dotés de pouvoirs magiques soient recherchées.