Le poète Abder Zegout a publié huit recueils de poèmes et un CD de poésie sur fond musical. En revisitant sa région natale, Tizi Ouzou, après onze années d'absence, il a l'impression d'être revenu d'un long rêve. Ce sont les centaines de poèmes qu'il écrit qui lui ont permis de supporter le poids de l'exil. Les titres de ses recueils de poésie reflètent amplement la douleur d'être loin des siens et de sa terre nourricière. Qu'il s'agisse de Vagabond céleste, du Village de mon enfance ou d'Errance, on retrouve cette peine indicible qui fait que la vie, aussi belle soit-elle ailleurs, elle n'a de vraie saveur que dans son berceau. Les aléas de la vie l'ayant poussé à aller vivre à Paris, Abder Zegout est demeuré fidèle à l'Algérie dans sa poésie. Ce n'est pas un hasard non plus s'il a dédicacé son tout nouveau recueil à ses amis du village Ifigha. Un peu comme le premier amour, le village natal est inoubliable. On peut faire mine d'oublier pendant un temps mais le temps finit par nous rattraper. Abder Zegout a publié son premier recueil de poésies en 1997. C'était pendant que l'Algérie traversait l'une des périodes les plus tourmentées de son histoire contemporaine. Malgré le sang et les larmes, il choisit de parler d'amour et d'eau fraîche. Son livre, il l'intitule ingénument: Vivre pour l'amour. Abder Zegout se permet dans ses vers de jeunesse de rêver du meilleur au milieu du pire. Son départ en France ne l'a pas empêché de continuer d'écrire et de crier avec douceur ses afflictions. En effet, Abder Zegout est un poète doux et mélancolique. Il a un thème de prédilection: l'amour. Mais l'amour qui peut être source de paradis est souvent enveloppé des flammes de l'enfer. Le préfacier du plus récent recueil de Zegout écrit à son sujet: «Deux forces se battaient en lui: l'inconscient et l'insurmontable désir de revivre ce feu de la passion, cette destructrice indomptable de la souffrance et de l'abandon de soi, les souvenirs sortis par tous les pores de son corps. Les gouttes perlèrent sur son front. Son coeur battait la chamade. Il n'arrivait plus à contrôler cette cacophonie d'émoi qui jaillissait en lui à nouveau. Il avait trop souffert. Jamais il ne permettrait de détruire son corps à nouveau. Il aime. Il est encore amoureux de l'éternelle vie d'amour.» Abder Zegout n'a eu que ses mots pour faire face aux maux et aux maudits qui affluaient de toute part: des vocables doux et tendres qu'on peut susurrer à l'oreille d'une femme malaimée. Abder Zegout chante la vie dans ses diverses dimensions: la mal-vie inénarrable, la joyeuse enfance, l'odieuse adolescence, la folle jeunesse, la vie d'insouciance faite de souffrances et de vents de promesses. C'est ce monde de privation où a évolué Abder qui lui a permis d'acquérir ce don de poésie. Khaled Aouier qui lui a préfacé son recueil de poèmes intitulé Fulgurance (éditions l'Harmattan 2010), décrit Abder Zegout comme étant «un réceptacle silencieux pour frustrations avant de devenir un arroseur de mots: la souffrance crée la poésie». Un autre avis sur le poète Abder Zegout d'une amoureuse des belles-lettres, en l'occurrence Elisabeth Candiani Rodstein: «Tornade, flamme contrariée, nostalgie, fascination de souvenirs d'enfance, des paysages colorés, brûlant vertige, tourbillon, illusion, fantasmes, se transforment en rhapsodie: on entend les stridulations des oiseaux, la mélopée du ruisseau, le gazouillis de la fontaine, le roucoulement des amoureux, la mélodie du vent, le bruissement des arbres, le rire des enfants, la douleur du juste. Le chantre du pays bleu s'exalte: colère, fièvre, souffrance, tendresse, naïveté, toutes ces sensations transparaissent dans les mots qu'il jettent en pâture sur la feuille de papier, qu'il nous livre pour notre bonheur.» Malgré la douleur et les déceptions, Abder Zegout continue à croire à l'amour. En effet, ce sentiment existe-t-il réellement ou bien s'agit-il juste d'une illusion telle que le pensait déjà le père de la psychanalyse Sigmund Freud. Dans les deux cas, Abder Zegout en fera sa raison de vivre et sa raison d'écrire.