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Histoires vraies
Psychomeurtre (1re patie)
Publié dans Info Soir le 14 - 05 - 2007

C'est une journée particulière, qui fait mine de ressembler aux autres. Ce matin, Louise contemple son visage dans la glace. Elle a eu quarante-deux ans la veille. Rien d'extraordinaire, quarante-deux ans. Ce n'est pas la fin du monde. Ces rides-là sont des rides d'expression, ce loger flou des traits, cette petite lourdeur du cou... et après ? Louise pourrait ne pas y penser. Or, elle y pense sans arrêt depuis un mois.
Avant c'était une autre Louise. Une Louise vivante efficace, sportive. Avant, elle ne regardait pas son image avec terreur, guettant la destruction lente invisible des jours qui passent. Il y a un mois, Louise aurait sauté sous la douche, ébouriffant ses cheveux courts et frisés, brossant énergiquement un corps sans reproche, croyait-elle. Il y a un mois, Louise aurait crié à son mari, comme tous les jours :
«Je fais un footing et je t'apporte ton petit déjeuner !»
Le mari aurait répondu :
«Cours un peu pour moi, pendant que tu y es !»
Humour noir de sa part, Yves, l'époux, quarante cinq ans, fait partie des handicapés de la route. Vitesse, accident, paralysie quasi- totale, irréversible. Un homme fichu. Un mari fichu, mais un homme quand même. Courageux, s'accrochant à l'humour, à la lecture, aux jeux d'échecs, à l'ordinateur, se servant de ses yeux et de ses mains. Les seules choses vivantes dans ce corps maigre vissé sur un fauteuil. Et Louise ? Courageuse aussi, Louise, elle a dominé le problème de son couple détruit. Elle est professeur de psychologie, elle passe des heures à expliquer aux étudiants les «pourquoi du comment supposé des comportements humains». Alors, elle assume. Officiellement, elle assume !
Il y a un mois encore, elle assumait. Ce matin, elle ne retrouve pas son masque. La voix de son mari lui parvient dans un brouillard. Il demande quoi ? Ah ! oui, il demande :
«Alors, qu'est-ce que ça fait d'avoir un diamant autour du cou ?»
Louise fixe la pierre. Elle brille stupidement, avec son air d'éternité intouchable. Yves l'a achetée avec l'argent de l'assurance. Avec l'argent de l'accident. Le prix payé par l'autre, celui qui allait trop vite et l'a écrasé, démantelé, dans les tôles de sa voiture.
Louise entend le léger glissement des roues. Le fauteuil roulant est derrière elle.
«Qu'est-ce qu'il y a, Louise ? Tu as une drôle de mine, ce matin. Mauvais jour ? — Non. Un jour comme les autres.»
Et c'est lui qui parIe de mauvais jour.
Ce matin-là, vraiment, Louise se méprise totalement, et si le remords tuait elle devrait s'écrouler à la seconde. Mais le remords n'est pas toujours le fait des assassins, et en tout cas, il ne les tue pas.
Louise est à son cours. Seule dans l'amphithéâtre, elle attend l'arrivée des élèves. De grands élèves, des garçons et des filles de dix-sept à vingt ans, presque des femmes, pas tout à fait des hommes, avec ces réactions encore enfantines de chahutage et des problèmes d'adultes. Un drôle de mélange, séduisant, passionnant. Il y a quelque temps, elle se prenait tout juste pour leur aînée, celle qui «en savait un peu plus que les élèves copains». Aujourd'hui, elle se sent vieille, usée, fichue.
Ils entrent en se bousculant ou en chuchotant des secrets, avec leurs visages sans rides, nets, leurs jeans et leurs yeux clairs. Elle cherche un visage, le trouve, le scrute, l'épie, comme elle le fait depuis un mois. Et elle ne discerne rien. Visage lisse d'un garçon de vingt ans, à l'aise dans sa peau, à l'aise dans son corps, traînant ses bouquins, son écharpe trop longue, 1,80 mètre de muscles jeunes et un regard tranquille. (à suivre...)


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