Rencontre n Jean Daniel, rédacteur en chef du magazine Le Nouvel Observateur, était, hier mardi, l'invité de la Bibliothèque nationale. Dans une brève allocution, le directeur de la Bibliothèque nationale, Amin Zaoui, a évoqué le rôle de son institution : «La bibliothèque envisage de faire venir les enfants de l'Algérie qui sont un capital intellectuel pour notre pays», a-t-il dit. Jean Daniel est en effet un enfant de Blida. Et d'ajouter : «Nous envisageons d'inviter un autre enfant de l'Algérie qu'est Althusser.» Le but de ces rencontres, c'est de créer, selon l'orateur, un climat favorable à l'échange interculturel et au dialogue interintellectuel. Par la suite, et en prenant la parole, Jean Daniel a évoqué ses débuts de journaliste à l'Express, avant de créer Le Nouvel Observateur avec quelques amis intellectuels et universitaires relevant que c'était, à l'époque, quelque chose de nouveau, voire d'inhabituel, puisque le magazine a été créé avec une conception culturelle de l'analyse et du commentaire de l'actualité. «J'étais un familier de la question algérienne», a-t-il dit. Je suis polémique dans certains de mes engagements.» «On ne peut pas parler de l'actualité d'un pays sans que le journaliste ait une connaissance parfaite et approfondie de sa culture», a-t-il indiqué, expliquant que la culture aide à mieux comprendre une société, donc les événements qui la marquent. Par ailleurs, Jean Daniel, nostalgique de son époque et notamment de la manière dont le journalisme était pratiqué, a déploré la façon dont aujourd'hui est exercé le métier de journaliste. Il a évoqué alors la déontologie journalistique, exprimant ses regrets face à une certaine presse qui fait dans le sensationnel. «La presse tend, aujourd'hui, à perdre de son intégrité», a-t-il indiqué. D'autre part, il n'a pas caché ses appréhensions quant à l'avenir de la presse écrite face à la montée et à l'essor galopant des nouvelles technologies comme l'Internet. Jean Daniel a ensuite souligné que la liberté d'expression est bafouée dans les pays du tiers monde. «Il faut libérer la presse», alors qu'en Occident, «il faut la responsabiliser». Autrement dit, il n'y a pas de liberté sans responsabilité. S'agissant enfin de la presse algérienne, Jean Daniel a expliqué qu'il ne pouvait pas porter un jugement. «Je ne peux pas juger, mais en lisant la presse algérienne et en faisant la comparaison avec la presse tunisienne, à titre d'exemple, je peux dire là que votre presse est stupéfiante, mais cela ne veut pas dire que j'élude certaines difficultés que la presse algérienne endure», a-t-il conclu.