Figure n Le dernier titre international de l'ESS remonte à presque deux décennies. Son artisan est l'inoubliable Mokhtar Aribi. De Ali Layass, fondateur, avec ses amis Lakhdar Laïb, Brahim Dekoumi et Lahssan Zoubar, de l'Entente Sportive Sétifienne en 1958 à Abdelhakim Serrar, l'actuel président, que d'hommes sont passés ou ont été enfantés par ce grand et prestigieux club ! Kermali, Rouaï, Aribi, Mattem (père et fils), les frères Salhi, Griche, Boulahdjilet, Hadj Noureddine, Adjissa, Zorgane, Bourahli et d'autres noms que ce modeste paragraphe ne peut contenir. Mais parmi tous les hommes qui sont passés par l'Entente, il y en a un qui a certainement marqué son passage et l'histoire du club, en l'occurrence Mokhtar Aribi, le mage sétifien et le père spirituel du fameux second souffle. Avec lui, l'Entente avait gagné son dernier titre majeur, la coupe d'Afrique des clubs champions en 1988, avant que l'équipe ne lui offre, à titre posthume, le trophée afro-asiatique et une coupe d'Algérie en 1990, alors qu'il avait quitté famille, amis et son Entente chérie le 4 septembre 1989 à l'âge de 65 ans. Cinq jours après son enterrement, les joueurs sétifiens se présentèrent sur leur terrain du 8-Mai-45, tout de noir vêtus, à l'occasion d'une rencontre de championnat face au CR Belouizdad avec une longue banderole sur laquelle on pouvait lire : «Nous ne t'oublierons jamais, ô notre honorable père Mokhtar Aribi». Jusqu'à aujourd'hui, les supporters de l'Entente restent attachés à Mokhtar Aribi en lui vouant respect et fidélité. Des banderoles à son effigie sont toujours accrochées dans les travées du 8-Mai-45, histoire de rappeler celui qui a marqué d'une pierre blanche plusieurs belles pages d'histoire de ce prestigieux club qu'est l'Entente. Un homme qui s'est toujours dévoué à la cause de son pays et à celle du football qui a pris sa vie, puisqu'il ne s'est jamais marié. Comme son ami et «rival du banc», Abdelhamid Kermali, c'est à l'UFSMS (l'actuel USM Sétif) que le jeune Mokhtar fit ses débuts dans la discipline à l'âge de 13 ans. Le génie de ce joueur l'emmena sept ans après à signer un contrat au Mouloudia d'Alger où il a évolué durant la saison 1945/46 avant d'embrasser une carrière professionnelle en France juste après la Seconde Guerre mondiale. Et c'est à Sète que Mokhtar mit sa première valise où il sera rejoint par Mekhloufi et Kermali. En sept ans, Aribi réussit à décrocher à deux reprises la coupe de France avant de quitter Sète pour Cannes, lorsque le club rétrograda en seconde division. Son aventure professionnelle en France l'emmena par la suite à Avignon, avec une parenthèse à Hammam Lif en Tunisie en 1955 ; puis vint avril 1958 où Aribi, comme ses autres pairs joueurs algériens, devait répondre à l'appel du FLN et quitter précipitamment l'Hexagone pour Tunis. C'était d'ailleurs lui qui était derrière le contact de plusieurs joueurs qui ont rallié la cause nationale. Après l'indépendance, c'est en entraîneur qu'il se distinguera en prenant en main plusieurs clubs (Stade Sétifien, USM Sétif, ES Sétif, CS Sfax et sélections,l'équipe nationale espoirs et la Libye), mais c'est avec l'Entente que Aribi écrira les plus belles pages d'histoire de ce club en gagnant des titres et en imposant une certaine façon de jouer de l'équipe des Hauts-Plateaux.