Témoignage n Réda a 3 ans et demi. D'une beauté angélique, le gamin paraît tout à fait «normal». Il est pratiquement impossible de suspecter la souffrance et l'angoisse qu'il vit au quotidien, en le regardant. Pourtant, un mal profond le ronge, ayant pour nom l'autisme. «L'autisme est un mal qui n'a pas de visage. Ce qui rend d'autant plus difficile le diagnostic», expliquent les parents de Réda ayant accepté de raconter leur histoire. D'un bon niveau intellectuel, puisque le père est médecin, les parents de Réda prennent la maladie de leur enfant à bras-le-corps, avec beaucoup de courage et d'abnégation. «Réda est un enfant désiré, et cela depuis longtemps. Premier enfant, sa mise au monde s'est faite de la manière la plus normale qui soit, et les premiers éléments de développement se sont déroulés dans les mêmes conditions. C'est vers l'âge de deux ans, deux ans et demi qu'on a pris conscience de la «maladie», raconte le père. «C'est vrai, qu'il présentait des troubles du comportement. Il avait des troubles du sommeil, d'alimentation, des mouvements stéréotypés (jouait avec l'interrupteur électrique), un retard dans le langage (il parlait à la 3e personne), il n'allait pas vers les autres enfants. Mais ceci, ne nous a pas inquiété les premiers temps. On pensait tout simplement que Réda était un peu fragile et timide. C'est quand les choses ne se sont pas arrangées avec le temps, que nous avons commencé à nous inquiéter.» Et d'ajouter : «L'élément qui a été décisif dans ma prise de décision fut lorsque, en vacances, Réda ne voulait absolument pas mettre les pieds sur le sable. Il avait des réactions proches de l'hystérie dès qu'on l'approchait du sable ou de la mer. C'est à ce moment-là que j'ai compris que mon fils avait un problème.» «Dès l'âge de 3 ans, nous avons emmené notre fils chez un psychologue. Le diagnostic a été établi. L'annonce fut brutale pour nous. Le psychologue n'a pas pris de pincettes. Il nous a immédiatement présenté un billet de salle pour interner l'enfant dans un hôpital psychiatrique. Comme ça, sans aucune préparation. Sec, froid, sans aucun égard pour nos sentiments. Le choc de notre vie. Ceci nous renvoie à la formation des spécialistes dans ce domaine.» «Depuis le diagnostic, je ne cesse de me culpabiliser sur le comportement que j'ai eu avec mon enfant. Ne mesurant pas le mal qui le rongeait, je prenais son refus de se conformer à mes directives pour de la désobéissance. Quand je l'appelais, il ne me répondait pas. Il mordait sa petite sœur, avait une phobie de l'eau et du sable, à la plage. Tout cela, je le prenais pour du chichi. Alors, je n'arrêtais pas de le corriger au risque d'aggraver son cas.» «Malgré cela, le diagnostic de la maladie nous a fait beaucoup de bien, à moi et à ma femme. Puisqu' à partir de l'annonce du diagnostic, nous avons cessé de nous culpabiliser et avons changé de comportement avec Réda. Là, on est beaucoup plus attentif, compréhensif et patient avec lui. On a pris conscience que si notre enfant se comporte anormalement, cela n'a rien à voir avec un manquement quelconque de notre part, mais il s'agit d'une maladie. D'ailleurs, depuis notre prise de conscience, Réda va beaucoup mieux. Grâce au suivi permanent et aux efforts que nous déployons envers lui, il a même fait des progrès. En six mois, Réda a fait des avancées considérables. Il va, deux matinées par semaine, dans un centre spécialisé et le reste du temps, dans une crèche. Reste un espoir pour nous, c'est qu'il puisse, un jour, intégrer les bancs de l'école normale.»