Depuis l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Union européenne et l'Algérie, les exportations algériennes hors hydrocarbures vers l'Europe n'ont totalisé que 259 millions de dollars. Ce qui illustre un volume faible des échanges et un déséquilibre constant des relations commerciales. Les responsables et experts algériens ont dénoncé l'échec de cet accord qui ne profite pas à la partie algérienne, car il faudra plusieurs années pour voir un impact positif de cet accord sur l'économie algérienne. Au cours d'une conférence-débat organisée hier au siège de la Caci (Chambre algérienne de commerce et d'industrie), Saïd Djellab, directeur de l'évaluation au ministère du Commerce, a souligné que «les conditions d'accès au marché européen sont de véritables barrières tarifaires». Ce responsable a mis le doigt sur la politique protectionniste de l'Union européenne en déclarant que «les Européens imposent des mesures protectionnistes notamment sur les prix de référence à l'entrée des marchandises.» Ainsi, les normes imposées aux produits exportés, le calendrier des subventions agricoles et l'exigence des certificats d'origine sont cités parmi les freins à toute exportation du produit algérien vers l'Europe. Mohamed Benini, DG d'Algex (Agence pour la promotion des exportations) a également critiqué les résultats de cet accord. «L'impact de l'accord sur les échanges n'est pas significatif, il y a même une relative stagnation», fait-il savoir en soulignant que «la mise à niveau qui devait suivre la mise en œuvre de l'accord d'association est quasiment nulle». Pour sa part, Belaid Hadjam, président de la commission de suivi de l'accord d'association a dénoncé la subjectivité dont font part les responsables européens dans leur analyse de la situation économique en Algérie. «On nous évalue de l'extérieur avec des prismes déformants car beaucoup se réfèrent aux médias français.» A cette situation jugée discriminatoire, Rédha Hamiani président du Forum des chefs d'entreprise considère que «l'économie nationale s'expose aux risques au gré des accords internationaux et on ne met pas en œuvre les clauses de sauvegarde pour protéger nos produits». Du côté européen, même si l'ancien ministre allemand de l'Economie Klaus Bunger s'est montré optimiste, il a par contre jugé que «les produits algériens étaient peu compétitifs sur le marché européen». Pour sa part, Andréas Hergenroter, président de la Chambre de commerce algéro-allemande reste convaincu que «les exportations algériennes ne pourraient profiter de cet accord sans les réformes à l'intérieur de l'entreprise et sans un cadre juridique favorable à l'export».