Au moment où l'Algérie s'apprête à relancer les débats sur la coopération bilatérale dans le cadre du conseil de l'Europe, l'équilibre des échanges commerciaux entre les deux parties relance désormais les interrogations portant sur l'intérêt de l'Algérie quant à l'accord d'association avec l'Union européenne entre en vigueur en 2005. Il n'y a qu'à voir de près à quel point est immense le déficit qu'accuse la balance commerciale de l'Algérie avec l'Union européenne pour se rendre compte que, finalement, ce fameux accord d'association n'est pas du tout une partie qui se joue à parts égales. En effet, les importations de l'Algérie depuis les pays de l'Union européenne ont enregistré une augmentation de plus de 4 milliards de dollars durant l'année 2008, alors que les exportations hors hydrocarbures de l'Algérie vers cette même région n'ont pas dépassé le seuil des 200 millions de dollars, selon les dernières statistiques livrées par l'administration des douanes. Dans le cadre du 4e conseil algéro-européen, dont les travaux se sont ouverts hier, le déficit commercial qu'accuse l'Algérie dans son rapport avec l'UE sera inscrit parmi les priorités. Ce déficit s'est notamment traduit par l'explosion des importations de l'Algérie, ces dernières années. Leur montant a augmenté de 4,335 milliards de dollars en 2008, selon les statistiques officielles. Dans le même temps, le volume des exportations hors hydrocarbures vers l'Europe a évolué de seulement 200 millions de dollars, grâce notamment à la progression des exportations de produits industriels (+ 38,52 %) et de produits agricoles et de la pêche (+ 3,39 %). Cette explosion s'explique, selon les économistes, par le renforcement de l'euro face au dollar, la hausse des prix des matières premières et des produits alimentaires au niveau des marchés mondiaux, l'entrée en vigueur de la 2e phase du démantèlement tarifaire dans le cadre de l'accord d'association et la mise en application du programme de relance économique initié par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. De l'avis général, l'accord d'association avec l'UE a été mal négocié. Depuis son entrée en vigueur en 2005, les Douanes algériennes ont enregistré un manque à gagner estimé à 1,1 milliard de dollars, conséquence directe du démantèlement tarifaire. Sur les 17 contingents ouverts par l'UE pour les produits agricoles algériens transformés, 11 ont enregistré un taux de consommation de 0%, alors que du côté européen, sur les 76 contingents ouverts, 43 ont été totalement épuisés. Les membres de la délégation algérienne auront à sensibiliser leurs homologues européens sur cet important déficit commercial et essayer de les convaincre de "faire des concessions. Il est question également de remettre sur la table des discussions la question récurrente des IDE (investissements directs étrangers) en provenance de l'Europe, qui demeurent en deçà des attentes. Néanmoins, rares sont les observateurs qui demeurent optimistes quant à un effort supplémentaire de l'Europe sur ce point, sachant qu'elle est durement touchée par la crise économique mondiale actuelle. Ceci ne l'empêchera pas pour autant d'exprimer sa préoccupation par rapport aux dernières mesures relatives à l'investissement et le commerce extérieur prises par le gouvernement algérien. Par ailleurs, il n'est pas moins utile de noter que la réunion du conseil Algérie-Union européenne sera une occasion pour soulever la question de l'émigration clandestine, selon l'agenda présenté par les services de la diplomatie algérienne. M. Amani