Ahurissant n Une étude a permis de démontrer que 54 % des médecins et d'infirmiers fument devant les malades. Depuis les années 50, les travaux des spécialistes mettent chaque jour en évidence le rôle nocif du tabac sur la santé humaine. Le doute n'est point permis : le tabagisme reste la première cause de mort évitable dans le monde. Les gouvernements, notamment dans les pays avancés, ont vite pris conscience du danger qui guette les populations à cause de la prévalence du tabagisme qui est lui-même considéré comme une maladie. A côté des campagnes de sensibilisation destinées aux fumeurs, des mesures ont été progressivement mises en place pour protéger ceux qui sont contraints de fumer malgré eux. La mise en évidence des dangers du tabagisme passif a fait que le tabac est désormais toléré de moins en moins dans les lieux publics et de travail. Ce processus a été couronné par l'élaboration de la convention cadre de lutte anti-tabac de l'Organisation mondiale de la santé. La convention a été ratifiée par 192 pays, dont notre pays qui l'a paraphée et ratifiée en 2006. Cependant, toute une panoplie de textes de lois a été précédemment adoptée pour limiter les effets du tabagisme en général et pour protéger particulièrement les fumeurs passifs. A ce titre, il y a lieu de citer les lois de 1985 et 1995 interdisant l'usage du tabac dans les structures sanitaires et les endroits publics, le décret exécutif de septembre 2001, l'instruction ministérielle de mars 2002 interdisant l'usage du tabac dans les lieux publics, les différentes lois de finances majorant les taxes sur le tabac. Les mesures prévues par ces différents textes vont toutes dans le sens de la limitation de l'usage du tabac et de la protection de fumeurs passifs. Ainsi, dans le décret exécutif de septembre 2001, il est clairement stipulé qu'il est interdit de fumer dans les établissements de formation et d'enseignement, les établissements de santé, les salles où se déroulent des manifestations sportives, culturelles et scientifiques, les lieux de travail affectés à un collectif de travailleurs, les transports routiers, ferroviaires maritimes et aériens, les locaux commerciaux où sont stockées des denrées alimentaires, les salles et les zones d'attente ainsi que les lieux utilisés pour l'accueil et l'hébergement des mineurs. Les articles 8, 9 et 10 du même décret stipulent également que des sanctions et des mesures disciplinaires pour toute entorse à ces dispositions doivent figurer dans le règlement intérieur de l'entreprise. Les sanctions administratives encourues par les entreprises, les établissements et les employés sont aussi prévues (interdiction d'exercer pendant une période de 15 jours pour les entreprises et avertissement et mise à pied de 1 à 3 jours pour les employés contrevenants). Cependant, en dépit de toutes ces mesures qui ne souffrent aucune équivoque, force est de constater que des gens continuent à fumer dans les lieux publics et les lieux de travail. Même les endroits les plus sensibles ne sont pas épargnés. A titre illustratif, des enseignants continuent à fumer devant leurs élèves et plus grave, des médecins ne se gênent pas à allumer leur cigarette devant leurs… patients. Au cours des journées de la Société algérienne d'oncologie thoracique (Saot) organisées les 11 et 12 avril dernier, le Pr Abdelmadjid Djebbar, du CHU de Batna, a avancé des chiffres qui, sous d'autres cieux auraient fait l'effet d'une bombe. Selon lui, une étude menée dans la même structure de santé a permis de démonter que pas moins de 54 % des médecins et des personnels paramédicaux fument sur les lieux de travail et devant les malades. Un chiffre ahurissant qui prouve, si besoin est, que beaucoup reste à faire dans notre pays en matière de lutte contre le tabac. Les lois adoptées restent au stade de professions de foi, si elles ne sont rigoureusement appliquées.