Rythme n L'artiste, singulièrement démonstrative dans ses gestes et ses pas, a tenu à présenter une chorégraphie où viennent se mêler habilement le traditionnel flamenco et la danse classique. La puerta abietra (la porte ouverte) est l'intitulé du spectacle de flamenco donné, samedi, à la salle Ibn Zeydoun, et ce, dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe». Initié par l'institut Cervantès (Centre culturel espagnol), et avec le concours de Cepsa et Repsol, ce spectacle où se mêlent musique, chant et danse, s'est voulu une mise en scène d'une autre variante de la culture flamenco. C'était, comme le titre l'indique, une porte ouverte sur une autre manière de danser tout en restant proche de la tradition. Contrairement aux précédentes représentations, ce spectacle revêtait un aspect théâtral. La danseuse, Isabel Bayon, devient une protagoniste scénique évoluant dans un décor : intérieur d'une chambre. Un espace qui renvoie à son intimité, à des moments de désir et de fantasme. Ce personnage s'avère solitaire. Il ne trouve d'exutoire à sa solitude – et à son ennui – que dans la danse. Elle esquisse, çà et là, sur le plancher des figures de pas, et improvise dans l'air des gestes nombreux, éloquents, d'abord dans des mouvements lents, langoureux, et, ensuite, dans une expression corporelle vive et franche. Le chant de Miguel Poveda, accompagné de son (petit) orchestre (percussionnistes et guitaristes), lui fait voir la mesure, de sa voix chaude, voilée et caverneuse, voix gitane, provenant des profondeurs de l'Andalousie. Il lui donne l'accent. Il guide, rythme ses pas, ses déplacements et ponctue sa gestuelle. Isabel Bayon, singulièrement démonstrative dans ses gestes et ses pas, a tenu à présenter une chorégraphie où viennent se mêler habilement – et avec beaucoup d'imagination – le traditionnel flamenco et la danse classique. Un mélange exquis, recherché, inspiré. Son spectacle est une création. La scénographie illustre sensiblement sa démarche artistique. C'est plus qu'une danse, c'est aussi – et beaucoup plus – une belle théâtralité qui se dit au féminin. Dans sa chambre et sa solitude, voire dans son intimité nocturne, Isabel Bayon invite les regards à la suivre dans son périple chorégraphique. Elle danse et ne cesse de parcourir son espace qu'elle ponctue par moments soudains de pas fermes et secs.