L'Espagne, cette terre qui a accueilli autour du X et XIème siècle les cultures et les hommes les plus éclairés de l'époque, s'invite chez nous pour une semaine de fête et de découvertes. Après que nos artistes aient porté quelques expressions culturelles à Madrid en 2006, c'est au tour des espagnols de débarquer chez nous pour une semaine culturelle focalisée surtout sur le Flamenco, cet art créé par les gitans, ce peuple nomade qui chantait capella pour conjurer le mal. Le coup d'envoi de ce rendez-vous a été donné jeudi dernier à la salle Ibn Zeidoun de Riadh El Feth en présence de la ministre de la culture, Khalida Toumi, et de l'ambassadeur d'Espagne à Alger, Juan Lena ainsi que du directeur de l'Institut Cervantès, des personnalités algériennes et espagnoles. Tout au long de cette manifestation qui s'étalera jusqu'au 09 avril prochain, le public pourrait aller à la rencontre d'expo, et de spectacles ainsi que des expressions puisées dans l'art traditionnel de l'andalou, cette autre contrée dont la culture fut à son apogée deux siècles après la venue de l'islam. C'est avec un spectacle typique de ce pays méditerranéen que l'ouverture de cette semaine s'est déroulée en rappelant combien les liens entre ces deux pays de la méditerranée, -L'Algérie et l'Espagne- sont nombreux. Devant un public très curieux, le spectacle qui a duré près de deux heures, était une démonstration en puissance de ce qu'est le flamenco. Ce chant profond, né il y a des siècles de la douleur des gitans, exprime toutes les tragédies d'un peuple d'errants échoué en Andalousie. À l'origine, le flamenco consistait en un chant sans accompagnement (cante). Puis la guitare est apparue comme accompagnement (toque), suivie des mains (palmas) et de la danse (baile). La guitare et la danse s'expriment désormais souvent seules, bien que le chant soit toujours considéré comme le cœur de la tradition. Plus récemment, des instruments comme le cajon (un instrument de percussion provenant du Pérou), les palillos (castagnettes), et la guitare basse, ont été introduits. Une troupe de musique traditionnelle a interprété d'abord les chants classiques de ce genre. Ce fut ensuite trois plateaux artistiques qui ont présenté chacun un danseur au talent hors du commun. Les spectateurs étaient admiratifs devant tant de prouesses artistiques qui dépassent les figures chorégraphiques du flamenco traditionnel. Selon la ministre de la culture, Khalida Toumi, la coopération entre l'Algérie et l'Espagne est traditionnelle d'autant que “c'est un pays proche géographiquement mais aussi historiquement et culturellement ” a-t-elle soutenu pendant que Lena relevait l'importance de ces relations et a souligné le succès de la semaine culturelle algérienne organisée à Madrid en 2006. Les danseurs, deux femmes et un homme ont créé ainsi des formes nouvelles qui, tout en restant fidèles à l'authenticité du genre classique, enrichissent et élèvent le flamenco pour le hisser au niveau universel. Avant le spectacle de la salle Ibn Zeydoun, la ministre et les personnalités espagnoles ont inauguré dans les espaces de la galerie d'art Frantz Fanon, une remarquable exposition de photos de cinq artistes espagnols et un Japonais. Le programme de cette semaine culturelle, qui se déroulera à Alger, Constantine, Oran ; Tlemcen, et Tizi Ouzou, comprend des concerts de musique, des master –classe au profit des étudiants de l'Institut national supérieur de musique et des Instituts régionaux de musique autour des thèmes, percussion flamenco, guitare flamenco et danse flamenco. Le flamenco cette musique rythmée, né comme le Jazz des souffrances d'un peuple en errance sera donc dans tous ses états tout au long de cette semaine.