Regard n Mohamed Yargui a présenté, hier, lundi, Houria, un court métrage, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth), suivi de la projection d'un long métrage, un documentaire, de Ai Baloud et Badreddine Boutaman et qui a pour titre Oran, l'autre. Le premier film, une tragédie, raconte l'histoire de Houria, une jeune femme – le rôle est incarné par Rania Zirouti – victime d'un viol et du rejet de sa famille et de la société qui l'accusent d'en être la responsable. Pour échapper à leur regard, regard accusateur, Houria s'en va errer de ville en ville pendant des années ; et dix ans après le drame, elle revient dans sa famille et retrouve son père (Laârbi Zekkal) qui continue de l'ignorer en ne lui adressant plus la parole, et sa sœur (Lynda Sellam) qui lui reproche de leur avoir brisé leur vie et rompu l'unité familiale. Dix ans après la tragédie, Houria commence peu à peu à reprendre goût à la vie. Mais, un jour, alors qu'elle faisait seule le marché, elle revoit son «agresseur». Cette rencontre inattendue fait rejaillir en elle moult tourments. Le passé refait surface et commence à la harceler. Son visage, celui de l'agresseur, ne la quitte plus. Elle n'arrive plus à le chasser de sa mémoire. Seule et désemparée, Houria, rattrapée par son passé, confrontée à son destin et rongée par le sentiment de vengeance, décide alors de mettre fin à ses souffrances, à son cauchemar : elle le tue. Apaisée, Houria s'enfuit à nouveau. Dans le train qui l'emmène nulle part, vers une nouvelle errance, elle revoit de nouveau son agresseur. Elle se rend compte que la personne qu'elle venait d'assassiner n'était pas le démon de ses nuits, et que la personne qui se trouve devant elle ne l'est pas aussi, qu'elle était – et est – une fois encore victime, mais cette fois-ci de ses propres hallucinations. Se révélant techniquement parlant de bonne facture, une réalisation menée avec un certain professionnalisme, le film est rendu attrayant, palpable, profond et réel grâce au jeu des acteurs notamment grâce au jeu de Rania Zirouti (femme de théâtre) qui, s'aventurant de plus en plus dans le cinéma, a su, grâce à son expérience dramaturgique, interpréter son personnage en lui conférant toute sa tonalité tragique. Son jeu est avéré, soutenu surtout par la charge émotionnelle qu'elle dégageait avec beaucoup d'intensité et de sincérité, par la mise en situation de son personnage, et par l'expression du visage. C'est un jeu franc, naturel et évident. Le deuxième film, un long métrage, «est un documentaire qui retrace les moments forts de l'histoire de la ville d'Oran, et ce, depuis la préhistoire à nos jours», ont dit les réalisateurs, avant d'expliquer qu'«il s'agit d'un travail de recherche difficile, mais gratifiant, réunissant plusieurs disciplines : histoire, ethnologie, architecture et autres. Nous n'avons pas hésité, pour étoffer le contenu de notre documentaire, à consulter des spécialistes de l'histoire de l'art, notamment Marie Vigué de l'université de Bordeaux ainsi que d'éminents historiens algériens.»Le film commence par proposer un itinéraire complet autour de la ville, traversant villages et antiques tribus, décrivant ainsi les sites naturels de l'arrière-pays. Le film poursuit ensuite sa balade avec une chronologie historique mettant en relief à travers des repères matériels (vestiges, sites et monuments) la période préhistorique, libyco-punique, romaine, arabe, espagnole, ottomane et enfin la période française. Enfin, le documentaire pose, à la fin, la question de savoir si, aujourd'hui, il parvient à relever le défi de la modernité.