Monstres n Ils auraient semé la panique au Maghreb. La mort aussi. De la Méditerranée au fin fond du désert, le serpent était le maître des lieux. Les auteurs anciens ayant écrit sur le Maghreb ont beaucoup insisté sur les serpents qui y vivaient et qui y semaient la terreur. Dans certaines régions, ils étaient parfois si nombreux que les habitants s'enfuyaient, abandonnant leurs demeures. Les grands serpents, sans doute des pythons géants, semblent avoir été nombreux, y compris dans les régions côtières. Ils étaient capables d'avaler des bœufs entiers. On rapporte que des marins en ont vu sur le rivage : les reptiles se sont alors lancés dans l'eau à leur poursuite et ont renversé le bateau dans lequel ils se trouvaient. L'écrivain latin, Vibius Sequester, rapporte que l'armée du général romain Régulus a fait la rencontre d'un de ces monstres sur les bords de la rivière Bagrada (la Médjerda) : le serpent a tué plusieurs soldats avant d'être tué à son tour par des machines de guerre. La bête, qui mesurait, selon les chroniqueurs, cent vingt pieds, c'est-à-dire plus de trente-cinq mètres, a été dépecée, sa peau a été séchée et envoyée à Rome où elle a été exposée pendant un siècle, dans un temple, jusqu'à la guerre de Numance. Au nombre des espèces les plus redoutables, les auteurs citent le céraste, de couleur jaune sable, qui porte deux cornes sur le front ; il souffle sur ses victimes qui s'immobilisent aussitôt, comme paralysées, tombant à sa merci. Le souvenir de ce monstre est conservé dans les contes et les légendes sous le nom de talefsa en berbère et de laf'a en arabe ; ces mots sont employés aujourd'hui pour désigner la vipère, mais le serpent antique était beaucoup plus grand et surtout infiniment plus dangereux que les vipères d'aujourd'hui ! Autre serpent funeste cité par les Anciens, l'aspic, sans doute le naja, qui hantait le sud de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie : dès qu'il s'irritait, son cou se mettait à gonfler et il se lançait avec une rapidité fulgurante sur sa victime. Il y avait aussi la dipsade, serpent de petite taille, de couleur blanche, avec des rayures noires sur la queue : son venin déshydratait le corps de ses victimes, leur donnant une soif qu'aucun liquide ne pouvait apaiser et qui finissait par les tuer. (à suivre...)