Résumé de la 23e partie n Depuis l'antiquité, l'Algérie et le Maghreb sont connus pour être la terre des grands serpents. Mis à part les serpents que nous avons cités, les auteurs de l'antiquité citent également des reptiles géants de l'espèce du python. Selon Elien, il y en avait dans les régions aux abords du désert, mais aussi sur les côtes. Selon un récit, des navires abordant les côtes du Maghreb ont aperçu, sur le rivage, un gigantesque serpent, d'une vingtaine de mètres ou plus. La bête ayant aperçu les bateaux a dardé la tête. «Eloignons-nous !», ont aussitôt crié les marins effrayés. Mais le reptile s'est aussitôt élancé à leur poursuite, traçant un gigantesque sillage dans l'eau, atteignant l'un des navires et le renversant. Il a avalé plusieurs malheureux marins avant d'être chassé par les autres. De tels serpents, dit-on, étaient capable d'avaler un bœuf entier. On connaît l'histoire, rapportée par Vibius Sequester, du serpent tué, sur les bords de la Medjerda, par l'armée de Régulus. Ce serpent, qui aurait mesuré cent vingt pieds (c'est-à-dire trente-cinq mètres) terrorisait la population, décimant personnes et troupeaux. L'armée romaine avait dû utiliser d'importantes machines de guerre et perdre plusieurs hommes avant de le mettre hors d'état de nuire. La peau de la bête a été enlevée et envoyée à Rome, où elle a été exposée dans un temple, pendant plus d'un siècle, jusqu'à la guerre de Numance. Avec ses trente-cinq mètres, le python de la Medjerda est loin devant le python réticulé (10 m) et le python de Seba (7m). Quant au python royal ou au python régius, qui aurait élu domicile dans une cave d'Alger, il fait piètre figure avec ses deux mètres ! Aujourd'hui, les pythons vivent en Asie, en Afrique et en Australie. Le python de Seba vit en Afrique tropicale et centrale mais on le retrouve jusqu'au Sahara. Mais ce type d'animal a, depuis longtemps, disparu des régions du nord du Maghreb... Cependant, son souvenir est resté dans les contes et les légendes où on l'évoque sous le nom de talefsa (en berbère) et lefâa (en arabe). Dans les régions du sud, on rapporte encore des récits de voyageurs avalés, corps et biens par des serpents géants. On croit que certaines populations (notamment les adeptes de la confrérie des Aïssaouas) sont insensibles à la morsure des serpents et qu'ils peuvent soigner celles des autres. Dans l'antiquité déjà, les auteurs grecs et latins, citent une population berbère des régions du sud, les Psylles, qui passaient aussi pour être insensibles à la morsure des serpents. Le venin, dit-on, n'avait aucun effet sur eux, et ne se répandait pas dans leur sang. Cette immunité, ils l'auraient acquise en vivant constamment avec les serpents. On rapporte également que les Psylles étaient passés mettre dans l'art d'extraire le venin des serpents : ils procédaient par succion, appliquaient de la salive sur les plaies et récitaient des formules magiques. Dans l'antiquité, on croyait également que certains serpents étaient des génies et devaient être honorés. Des dessins rupestres illustrent ce thèmes du dieu-serpent, symbole de protection et de fécondité. Ces croyances nous sont parvenues, à peine atténuées !