De faux registres du commerce, de fausses licences d'importation,de fausses domiciliations bancaires… la Douane fait un état des lieux alarmant du secteur de l'import-export. Lors d'un séminaire d'information et de sensibilisation organisé hier à l'Algex d'Alger sous l'égide de l'Union des transitaires et des commissionnaires en douane, un état des lieux alarmant sur la fraude dans l'import-export a été fait. A ce titre, le directeur de la lutte contre la fraude, Medjebar Bouanem, a admis qu'aujourd'hui «la douane est envahie par le faux». «Les douanes se retrouvent devant des cas d'importateurs ou d'exportateurs dont les registres du commerce et les licences d'importation sont loués», renchérit Abdou Bouderbala, directeur général des douanes. De faux registres du commerce, de fausses licences d'importation, de fausses domiciliations bancaires, rien n'a échappé aux faussaires. Pour mettre un terme à ces agissements, le ministère des Finances a décidé d'adopter deux formules dont les effets dissuasifs ont été constatés dans le monde. Instituées dans la loi de finance complémentaire 2007, ces deux formules à savoir : le «mandat» qui est un document élaboré par les consignataires et qui va permettre l'identification des importateurs et exportateurs ; et la «déclaration des éléments de valeurs en douane (DEV)» pour détailler la marchandise, sont censés rétablir l'équilibre. Si la deuxième formule n'a pas fait de vague, la première en revanche a soulevé un tollé parmi les transitaires et les commissionnaires. Car elle implique que les transitaires devront identifier les importateurs et exportateurs et seront considérés comme responsables en cas de fraude. Situation qui a mis les transitaires hors d'eux, ils estiment que c'est aux banques, aux impôts et autres institutions de l'Etat d'identifier leurs clients et non à eux. Un poids lourd de responsabilités pèsera donc sur les épaules des transitaires et commissionnaires qui revendiquent la suppression des articles 79, 281, 307 du code des douanes. Rappelons que 2 224 consignataires ont été agréés en Algérie dont 1 640 sont opérationnels. Depuis 2006, on a enregistré 412 suspensions et 36 retraits définitifs d'agrément pour non-conformité avec les normes requises. Pour ce qui est du blanchiment d'argent, la cellule de traitement du renseignement financier présidée Abdelmadjid Amghar a traité 46 affaires liées au blanchiment d'argent cette année, alors qu'elle n'a reçu que 12 déclarations de soupçons depuis 2004 dont deux seulement ont connu des suites judiciaires pour transfert illicite d'une valeur de 7,8 millions d'euros sur les banques du Luxembourg. Connaissant le monde impitoyable des affaires, en particulier dans l'import-export et l'infiltration du créneau par des gens peu scrupuleux, 12 déclarations, c'est insignifiant.Pour cette année, les choses s'accélèrent.