Surprise n Debout sur le seuil de la porte, il resta pendant plus d'une minute le regard fixe et les yeux écarquillés. En passant près de la brigade de la gendarmerie, Bélaïd entendit que deux prisonniers arabes s'étaient enfuis en utilisant des clous pour ouvrir la cellule. L'information fit le tour du village, les arrestations recommencèrent et les déportations à Dar El-Kaïd se firent nombreuses. Le lieutenant prit alors plaisir à reconvoquer Bélaïd. Cette fois, Bélaïd pensa au maquis, mais se ravisa dès que le lieutenant s'exclama en prononçant l'expression «Incha' Allah» qu'il lança à la face d'un détenu. Le doute emplit l'esprit de Bélaïd sur cet individu au regard assassin. En 1965, une convocation émanant du ministère des Moudjahidine est adressée au père de Bélaïd. Celui-ci, alité, chargea Bélaïd de faire le déplacement à Alger. Une fois sur les lieux, Bélaïd fut conduit au service indiqué et, sur le seuil du bureau, il resta debout plus d'une minute, le regard fixe et les yeux écarquillés à la vue du lieutenant de Dar El-Kaïd. Le lieutenant l'invita à prendre place et lui commanda une boisson fraîche. Bélaïd n'en croyait pas ses yeux. Le lieutenant n'était autre que le chef de la région en matière de recrutement dans les rangs de l'ALN. Quant aux deux prisonniers évadés, c'est lui qui leur avait facilité la tâche. Le garde-champêtre, qui avait des soupçons quant aux déplacements du lieutenant et des visites qu'il recevait à Dar El-Kaïd, devait être supprimé et c'est le lieutenant qui s'en chargea. Quant à l'arrestation de Bélaïd, c'était la seule façon de détourner l'attention des Européens de la commune, car on estimait que Bélaïd était un des leurs par sa physionomie. Bélaïd a su, par la bouche du lieutenant Rezki, que même son père était au courant de ce stratagème concocté avec le lieutenant au cours d'un dîner à Dar El-Kaïd.