Résumé de la 2e partie n C'est Frank, le plus âgé et avec la personnalité la plus forte, qui s'impose comme le chef du trio. Onze juin 1962, 6 h 30 du matin. C'est l'heure du réveil réglementaire des détenus. Comme chaque jour, un système électrique ouvre en même temps toutes les portes des cellules et les prisonniers gagnent les coursives métalliques pour répondre à l'appel avant d'aller au réfectoire. Au troisième étage du bloc D, tous se présentent, sauf trois. Le haut-parleur répète les noms des manquants : — Frank Morris, John Anglin, Clarence Anglin, sortez ! Pas de réponse. Immédiatement, la procédure d'alerte se met en marche. Le haut-parleur crie à l'attention des deux cent soixante-cinq autres détenus du pénitencier. — Regagnez vos cellules sur-le-champ ! Docilement, les prisonniers s'exécutent et les portes se referment automatiquement derrière eux, sauf trois, qui restent ouvertes, celles de Morris et des frères Anglin. Les gardiens se précipitent et poussent un cri de rage. Elles sont vides. Dans les trois lits, des polochons recouverts d'une couverture imitent la forme d'un dormeur. Mais cela n'aurait pas suffi à donner le change, car, cinq fois par nuit, les gardiens allument la lumière de l'extérieur, et regardent par le judas. Les polochons sont prolongés par des masques en plâtre colorés au fond de teint, aux lèvres rosies et surmontés d'une chevelure faite avec des poils de balai-brosse. Les gardiens, leurs chefs et le directeur de la prison contemplent, ahuris, le spectacle. Comment se sont-ils procuré du plâtre ? Par quel moyen ont-ils pu le mouler ? C'est en observant de plus près qu'ils s'aperçoivent qu'il ne s'agit pas de plâtre, mais de papier-toilette mélangé à du savon, ce qui donne une matière présentant à peu près les mêmes caractéristiques. Quant au fond de teint et au rouge à lèvres, sans doute étaient-ils dissimulés dans les envois, pourtant minutieusement fouillés, venant de l'extérieur. Mais les gardiens ne sont pas au bout de leurs surprises. Le plus stupéfiant reste à venir. L'un d'eux se baisse et désigne la bouche d'aération. — Ils sont partis par là ! Effectivement. Le grillage a été remplacé par des morceaux de carton peints qui, même de près, font illusion. L'ouverture a été agrandie à l'aide d'une cuillère métallique qui se trouve encore à côté. Les prisonniers se sont ensuite retrouvés dans un étroit tube d'aération, où ils ont dû grimper, selon la technique d'escalade dite «de la cheminée», jusqu'à la bouche d'aération du ventilateur général, une douzaine de mètres plus haut. Plusieurs gardiens refont ce trajet et parviennent au sommet épuisés. Là, ils se trouvent devant une trappe donnant sur le toit, dont les barreaux sont épais comme le poignet. Deux d'entre eux ont été limés. C'est donc par le toit qu'ils se sont enfuis, à un endroit qui est pourtant balayé en permanence par les projecteurs des miradors. Un peu plus loin, une gouttière de quinze mètres de hauteur redescend jusqu'au sol. Il est absolument ahurissant qu'ils aient pu faire tout ce trajet sans être vus, mais il faut se rendre à l'évidence : pour la première fois, on est sorti d'Alcatraz ! En attendant, c'est le branle-bas de combat. Tous les moyens sont employés pour retrouver les fugitifs. Car la partie est loin d'être gagnée pour eux. Il ne suffit pas de s'échapper de la forteresse. Après les défenses des hommes, il reste celles de la nature, qui sont sans doute encore plus redoutables. Des vedettes de police, bientôt appuyées par des unités de la marine, parcourent la baie de San Francisco, des hélicoptères sillonnent le ciel. Personne ne pense qu'ils ont pu se noyer. Des hommes qui ont fait preuve d'une telle maîtrise dans leur évasion n'ont pas pu se jeter à l'eau, sachant que toute tentative à la nage était impossible. Ils ont sûrement utilisé un radeau ou une embarcation quelconque. Mais laquelle ? La réponse ne tarde pas à venir. Les autres prisonniers sont systématiquement fouillés pour découvrir s'il n'y a pas parmi eux d'éventuels complices.