Déficit n Le renforcement du service en moyens humains n'a pas suivi la cadence de l'évolution du nombre d'admissions. Le service maternité de l'hôpital de Béni Messous est doté de 64 lits, dont 30 pour les accouchements dits «normaux», 20 pour les grossesses à haut risque (GHR) et 14 pour la réanimation. Dans un passé récent cela était largement suffisant. Il était même loin de faire le plein. «Nous enregistrions une moyenne de dix accouchements par jour, césariennes comprises», se souvient avec nostalgie une sage-femme qui vient de boucler sa trentième année de service et qui regrette visiblement la quiétude d'antan. «C'est en 2005 que tout a commencé», explique le surveillant médical chef, M. Ouahab. A partir de cette année-là, l'affluence n'a pas cessé jusqu'à devenir intenable. «Pour la seule année 2006, nous avons dépassé le chiffre de 6 600 admissions. Il nous arrive de dépasser largement le cap des 40 naissances par jour, dont une dizaine par césarienne, sans compter les autres admissions pour des problèmes de gynécologie», ajoute le surveillant médical. Le service fonctionne bien au-delà de ses capacités réelles. A titre d'illustration, en avril dernier, soit bien avant la période de grande affluence qui s'étend de juin à septembre, le taux de remplissage des lits a été de 140%. «Pour l'été, nous nous attendons au pire», disent en chœur les employés qui se tiennent déjà le ventre, sachant que la période estivale, pour des raisons que seuls les sociologues pourront élucider, connaît le plus fort taux de natalité. Les responsables et le personnel se débrouillent comme ils peuvent. Satisfaire tout le monde, veiller sur la santé des parturientes et des bébés et maintenir les lieux propres tout en gardant le sourire, cela relève de l'exploit avec une telle affluence. D'autant plus que le renforcement du service en moyens humains n'a pas suivi la cadence du nombre de plus en plus grandissant des admissions. 40 infirmières et sages-femmes, 8 puéricultrices, 20 femmes de salle, 12 gynécologues et 17 résidents, cela peut paraître largement suffisant pour un service de maternité qui connaît un rythme de fonctionnement normal. Mais, signale un responsable, il faut prendre en compte le fait que dans le cas de Beni Messous l'affluence dépasse l'entendement. En outre, le personnel travaille par brigades qui se relaient en permanence. Ce qui fait que le personnel réellement présent sur les lieux est extrêmement réduit. Pour une garde de nuit, le service est assuré par une seule infirmière pour, dans le meilleur des cas, 65 malades. «Le personnel n'a pas le droit de tomber malade. Nous éprouvons les pires difficultés pour élaborer un planning des congés annuels. Pour cet été, trois employées prendront un congé de maternité (trois mois) et nous ne savons pas comment nous allons faire», se plaint un autre responsable. Le personnel n'est pas le seul à pâtir de cette surcharge. Le matériel souffre également de la surutilisation. M. Khellif, responsable au niveau de la direction des moyens du CHU, affirme que la maternité est le service qui sollicite le plus les agents d'entretien tant le matériel tombe régulièrement en panne du fait de la surcharge qu'il subit. Enfin, le budget annuel de l'hôpital est, lui aussi, mis à rude épreuve puisque le coût d'un seul accouchement s'élève à près de 8 000 DA.